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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 2
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Durand-Gréville, Émile: Les noveaux documents hollandais sur la "Ronde de Nuit" de Rembrandt
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0200

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184

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

beaucoup plus claire et la robe de la petite fille, par exemple, est blanche à Londres,
tandis qu'au Rijks-Muscum elle est d’un jaune d’or presque brun. Si l’on nettoyait
le vernis foncé qui la couvre, elle redeviendrait blanche (on a essayé une fois, il y
a longtemps), mais elle serait trop en désaccord avec le reste du tableau; et, quant
à un nettoyage général, ce serait une entreprise dangereuse, qui peut-être détruirait
tout à fait les splendides restes de ce chef-d’œuvre. »

Nous sommes heureux de trouver sous la plume d’un historien d’art aussi
compétent la confirmation absolue de toutes nos idées. Peut-être M. Bredius est-il
effrayé outre mesure des dangers d’un nettoyage très discret, très superficiel;
mais laissons cette question délicate... Que signifie la phrase entre parenthèses :

« on a essayé une fois, il y a longtemps » ? Nous sommes autorisé par M. W. A.
Ilapman, restaurateur actuel des tableaux du Musée, à dire qu’en 1852 son
père, chargé de rentoiler la Honda de nuit (ce dont il s’acquitta aux applau-
dissements du monde artistique , « commença à nettoyer, à la demande de M. le
directeur, J. W. Pieneman, un petit coin de la robe de la jeune fille, et qu’il
trouva un ion plus clairet moins jaune. Au moyen d’un peu de vernis jaune, il rendit
plus tard le coin en question conforme à l’entourage ». M. Hopman ajoute que
son père n’avait pas enlevé toute l'épaisseur du vernis et n’avait conséquemment
pas pénétré jusqu’à la couleur primitive, ce qui était en effet sage et prudent. Il
attache d’ailleurs à ce petit incident moins d'importance que M. Bredius et nous,
parce que, dit-il, « c’est une chose toute naturelle que les couleurs soient plus claires
et moins jaunes quand on les aura délivrées d’une partie du vernis jaune et
roussi ». Nous avons tenu à reproduire textuellement les explications que
M. Ilapman fils a eu l’obligeance de nous communiquer sur notre demande, afin
que chaque lecteur puisse en tirer lui-même les conclusions qu’il jugera convenables.

Et maintenant rappelons, pour terminer, une anecdote très philosophique de
Fontenelle. Le bruit s’étant répandu qu’un enfant venait de naître avec une dent
d’or, ce fut un grand émoi parmi les savants. Les uns niaient le fait comme
absurde, d’autres le trouvaient tout simple. On entassa brochures sur brochures.
A la fin, un savant s’avisa d’aller voir si la dent était vraiment en or, et il constata
que l’enfant n’avait encore de dents d'aucune espèce. La question de la Ronde de
nuit ressemble un peu, depuis trois ans, à celle de la dent d’or.

Nous n’oserions pas demander que l’on nettoyât le tableau pour voir ce qu’il y a
sous le vernis et pour résoudre définitivement une question encore discutée ; mais
au moins est-i) permis d’espérer qu'un jour ou l’autre on constatera si, oui ou non,
la peinture a été rognée sur les quatre côtés avec des ciseaux. Au point où en
sont les choses, cette vérification ne peut plus tarder.

E. DURAND-GRÉ VILLE.

Le Rédacteur en chef, gérant : LOUIS GONSE.

s beaux.

IM P. CH Alt AI RE ET FILS.
 
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