ETUDES
SUE
LE MEUBLE EN FRANCE
AJJ XVIe SIÈCLE.
(septième et dernier article1.)
LE LIT.
Le lit mériterait toute line histoire. C'est le meuble tra-
ditionnel et sacré de la famille; témoin et confident de la
naissance, du mariage, de la mort, il entend le premier cri
de l'homme et son dernier soupir; il rappelle toutes les joies,
toutes les douleurs; il donne le repos et l’oubli. Nos ancêtres
du XVIe siècle l’entouraient d’une sorte de vénération, comme
s’il eût gardé quelque chose de la sainteté du mariage et du
respect de la mort; on le faisait bénir par le prêtre, on le
conservait pieusement, on le décorait de son mieux. Le grand
seigneur dans ses « pompeuses courtines à l'impérialle », le
bourgeois dans sa « couchette à pilliers taillés en Hercules »,
comme le paysan « couché sur le costé en son lict bien clos et
terrassé », chacun voulait un lit commode, pimpant, et de
bonne mine. Gilles Corrozet lui dédie un de ses meilleurs
blasons :
Lict délicat, dculx et mollet,
Lict de duvet si très douillet,
Lict de plume tant bonne et fine,
Lict d’un coutil blanc comme un cigne...
Lict dont le chevet est si doulx
Qu'il semble que ce soit veloux,
1. A oy. Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XXXII, p. 139, 218, 3(11 ; t. XXXUI
p. 312; t. XXX1Y, p. 52, et t, XXXV, p. 2G.
SUE
LE MEUBLE EN FRANCE
AJJ XVIe SIÈCLE.
(septième et dernier article1.)
LE LIT.
Le lit mériterait toute line histoire. C'est le meuble tra-
ditionnel et sacré de la famille; témoin et confident de la
naissance, du mariage, de la mort, il entend le premier cri
de l'homme et son dernier soupir; il rappelle toutes les joies,
toutes les douleurs; il donne le repos et l’oubli. Nos ancêtres
du XVIe siècle l’entouraient d’une sorte de vénération, comme
s’il eût gardé quelque chose de la sainteté du mariage et du
respect de la mort; on le faisait bénir par le prêtre, on le
conservait pieusement, on le décorait de son mieux. Le grand
seigneur dans ses « pompeuses courtines à l'impérialle », le
bourgeois dans sa « couchette à pilliers taillés en Hercules »,
comme le paysan « couché sur le costé en son lict bien clos et
terrassé », chacun voulait un lit commode, pimpant, et de
bonne mine. Gilles Corrozet lui dédie un de ses meilleurs
blasons :
Lict délicat, dculx et mollet,
Lict de duvet si très douillet,
Lict de plume tant bonne et fine,
Lict d’un coutil blanc comme un cigne...
Lict dont le chevet est si doulx
Qu'il semble que ce soit veloux,
1. A oy. Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XXXII, p. 139, 218, 3(11 ; t. XXXUI
p. 312; t. XXX1Y, p. 52, et t, XXXV, p. 2G.