Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Portalis, Roger: Bauchart, Ernest Quentin, Les femmes bibliophiles en France: [Rezension]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0081

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES FEMMES BIBLIOPHILES EN FRANCE.

73

que ses Heures et quelque volume de poésie ou de roman, de quoi
sanctifier son âme ou satisfaire son imagination. Il n’en était rien.
Grâce aux marques, insignes et armoiries dont ils sont souvent
décorés, l’on peut, et l’auteur n’y a pas manqué, reconstituer les
bibliothèques très complètes des belles dames des temps passés. Sui-
vant son goût particulier, l’une avait pour la théologie et les œuvres
des Pères une prédilection marquée, comme Mme de Chamillart, dont
les volumes remarquablement reliés portent les armes frappées sur
la doublure intérieure, ou comme Mme de Maintenon que fait recon-
naître le lion des d’Aubigné issant sur le maroquin rouge. Chez
une autre, les romans primeront tout, comme dans la remarquable
collection de la comtesse de Verrue, cette célèbre clame de volupté
« qui, pour plus grande sûreté, fit son paradis en ce monde ». Elle ne
dédaignait pas le livre léger, voire érotique, et l’on n’est qu’à moitié
étonné de rencontrer dans son catalogue, à côté d’ouvrages sérieux
comme les Lettres Provinciales, un Pétrone ou le Rut ou la Pudeur éteinte,
de Blessebois. Il est à croire cependant que la comtesse, née de
Luynes, après une existence plus qu’accidentée à la cour de Victor-
Amédée de Savoie, son... protecteur, revenue de ses erreurs et légère-
ment perdue dans son hôtel de la rue du Cherche-Midi, ne lisait plus
Vénus dans le cloître, autre volume de sa bibliothèque, et s’occupait
moins alors de galanterie que de ses meubles de prix et de ses tableaux
qu’elle faisait graver.

La duchesse de Montpensier, aussi célèbre par les portraits qu’elle
écrivit des dames et seigneurs de la cour, que par son rôle politique,
avait un goût prononcé et bien naturel pour les ouvrages traitant de
l’histoire de France : « J’aime à lire les livres bons et solides,
écrivait-elle ; les bagatelles m’ennuient, hors les vers ; je les aime de
quelque nature qu’ils soient... » Les Œuvres de Plutarque, VHistoire
des Variations de Bossuet, qu’elle possédait, font foi de ses goûts
intimes. Le rêve, pour un bibliophile, serait d’avoir un des exemplaires
des Portraits et Éloges composés par elle, à ses armes, rêve difficile à
satisfaire, puisque plusieurs exemplaires dans ces conditions sont à
la Bibliothèque Nationale. Un amateur distingué a pourtant pu se
passer cette fantaisie, mais au prix de 14,000 francs. C’était l’exem-
plaire que la princesse avait offert à son fiancé Charles de Lorraine.
On voit que les livres de ces dames ne se donnent pas!

Chez la duchesse de Lesdiguières, ne cherchez, parmi ses livres
agrémentés des masses d’armes des Gondy, que de la théologie et de
la morale. Elle variait peu ses lectures et ne quittait guère celle des

XXXV. — 2e PÉRIODE. 10
 
Annotationen