II.
LIBRAIRIE ILLUSTRÉE!
Voici enfin un livre de bonne humeur,
et chose plus rare encore, un livre où écri-
vain et dessinateur s’entendent à merveille.
L’écrivain est de ceux dont il n’y a plus rien
à dire; il a découvert et exploité, sans les
épuiser, toutes les sources de la gaieté et de
la philosophie gauloises; son livre, déjà vieux
de près de quatre siècles, n’a pas une ride;
le temps respecte les solides assises sur les-
quelles il est construit ; loin de faiblir, il ac-
quiert des forces en avançant en âge, et de
jour ne jour on lui découvre des vertus nou-
velles. Saluons encore une fois le grand ancêtre François Rabelais; quant à son
immortel roman, ce n’est pas ici le lieu de le soumettre au supplice d’une exégèse
nouvelle, historique ou littéraire.
Bornons-nous à dire que l’édition visée en ce moment est conforme aux derniers
textes revus par l’auteur; M. Pierre Jannét y a ajouté une notice biographique et
un glossaire fort savant. Nous pouvons maintenant aborder l’examen des innom-
brables dessins que M. A. Robida vient de composer pour cette édition.
Nous avons déjà eu l’occasion de parler, avec éloges, du talent de M. Robida,
de son extraordinaire facilité d’invention et de l’originalité de son esprit, mais, a
vrai dire, nous ne l’aurions pas cru capable de mener à bien une aussi grosse
entreprise que l’illustration des œuvres de Rabelais. C’est avec Gustave Doré, dont
le nom vient naturellement sous notre plume, le dessinateur le plus fécond que
nous ayons eu, — j’entends une fécondité réelle, où l’esprit créateur entre enjeu,
et non l’éternelle redite du même crayonnage. Ses livres, son journal la Caricature,
dépensent sa verve, sans l’épuiser; il n’est jamais à court d’inventions drolatiques
et sa main trouve sans effort la forme qu’il convient de leur donner. Talent fait
1. 7, rue du Croissant, Paris.
LIBRAIRIE ILLUSTRÉE!
Voici enfin un livre de bonne humeur,
et chose plus rare encore, un livre où écri-
vain et dessinateur s’entendent à merveille.
L’écrivain est de ceux dont il n’y a plus rien
à dire; il a découvert et exploité, sans les
épuiser, toutes les sources de la gaieté et de
la philosophie gauloises; son livre, déjà vieux
de près de quatre siècles, n’a pas une ride;
le temps respecte les solides assises sur les-
quelles il est construit ; loin de faiblir, il ac-
quiert des forces en avançant en âge, et de
jour ne jour on lui découvre des vertus nou-
velles. Saluons encore une fois le grand ancêtre François Rabelais; quant à son
immortel roman, ce n’est pas ici le lieu de le soumettre au supplice d’une exégèse
nouvelle, historique ou littéraire.
Bornons-nous à dire que l’édition visée en ce moment est conforme aux derniers
textes revus par l’auteur; M. Pierre Jannét y a ajouté une notice biographique et
un glossaire fort savant. Nous pouvons maintenant aborder l’examen des innom-
brables dessins que M. A. Robida vient de composer pour cette édition.
Nous avons déjà eu l’occasion de parler, avec éloges, du talent de M. Robida,
de son extraordinaire facilité d’invention et de l’originalité de son esprit, mais, a
vrai dire, nous ne l’aurions pas cru capable de mener à bien une aussi grosse
entreprise que l’illustration des œuvres de Rabelais. C’est avec Gustave Doré, dont
le nom vient naturellement sous notre plume, le dessinateur le plus fécond que
nous ayons eu, — j’entends une fécondité réelle, où l’esprit créateur entre enjeu,
et non l’éternelle redite du même crayonnage. Ses livres, son journal la Caricature,
dépensent sa verve, sans l’épuiser; il n’est jamais à court d’inventions drolatiques
et sa main trouve sans effort la forme qu’il convient de leur donner. Talent fait
1. 7, rue du Croissant, Paris.