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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Collignon, Maxime: La sculpture antique au British Museum, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0111

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88

GAZETTE DES BEAUX-AIiTS.

de la vallée de l’Euphrate le prototype des statues des Branchides.
Quels que soient d’ailleurs les modèles qu’aient connus les sculpteurs
des Branchides, Terpsiclès, Eudémos et les autres, ces marbres
appartiennent bien à l’ancienne école ionienne, qui n’est elle-même
qu’une branche de l’école grecque orientale. Nous avons aujourd’hui
des termes de comparaison fort précis. La disposition des plis du
manteau dans la statue de Charès se retrouve exactement dans la
Héra samienne du Louvre, et l’évasement du bas de la tunique sur
les pieds s’observe aussi dans les terres cuites grecques archaïques
de Rhodes. J’imagine que, si les têtes étaient conservées, elles
différeraient très peu de la curieuse tête d’homme trouvée à Hiéronda,
près de Milet, et exposée dans la même salle, ou d’une autre tête en
marbre du Musée de Tchinli-Kiosk à Constantinople, dont la prove-
nance rhodienne paraît établie avec certitude L Vous y retrouvez le
même travail rond, un peu mou, le même goût pour les formes
pleines et grasses qui caractérisent l’archaïsme ionien, et s’opposent
si nettement au travail serré et énergique des anciennes sculptures
grecques du Péloponèse.

Les débris de l’art ionien du vie siècle sont trop rares pour que
nous négligions de signaler une série de bas-reliefs d’une extrême
importance pour l’histoire de l’art. Lorsque M. Wood fouilla l’empla-
cement de l’Artémision d’Ephèse, de 1863 à 1875, il découvrit sous
les substructions du temple bâti au ive siècle des fragments de
sculptures de style archaïque, qui furent, avec le reste des trouvailles,
envoyés au British Muséum. C’étaient, à n’en pas douter, des débris
de l’ancien temple construit dans la première moitié du vie siècle par
Chersiphron de Cnosse et Métagènes, et brûlé en 356 par Erostrate.
L’édifice avait été bâti à grands frais, et Hérodote rapporte que
Crésus voulut y contribuer en offrant aux Ephésiens deux bœufs
en or et la plus grande partie des colonnes 2. Or, parmi les morceaux
conservés au British Muséum, trois bas-reliefs ont un fond circulaire
et décoraient certainement des tambours de colonnes3. Ce genre de
décoration n’est pas grec, mais oriental, et cette particularité permet
de croire que nous avons sous les yeux les restes des colonnes
signalées par Hérodote. On comprend dès lors que, deux siècles plus

L Heuzey, Bulletin de correspondance hellénique, 188-4, p. 336, et S. Reinach,
Gazette archéologique, 1884, p. 88-90.

2. Hérodote, I, 91.

3. Ils sont reproduits dans l’ouvrage de M. Murray, History of greek sculpture,

t. I, p. 113.
 
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