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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 2
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Collignon, Maxime: La sculpture antique au British Museum, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0121

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108

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

à droite, et les lignes offrent ainsi d’heureux contrastes. Les Néréides
semblent voler sur les flots. Le vent de mer s’engouffre dans leurs
vêtements flottants et les fait coller sur le corps ; il gonfle les man-
teaux dont les déesses marines ont peine à retenir les plis. Avec
quelle verve étonnante l’artiste a creusé ces plis larges et profonds,
et refouillé ces masses de marbre d’où les figures semblent surgir,
emportées par un élan magnifique ! Parfois même sa fougue l’entraîne
trop loin; il y a quelque exagération dans cette figure de Néréide qui
court à grandes enjambées, en oubliant que son vêtement, plaqué
sur le corps, dissimule mal la violence du mouvement. Malgré ces
réserves, l’auteur des Néréides n’est pas un artiste médiocre, et on
peut le compter parmi les précurseurs de Scopas. Assurément les
figures volantes ne sont pas restées étrangères à la statuaire du
ve siècle, témoin l’admirable Niké d'un des frontons du Partbénon et
celle de Paeonios à Olympie. Mais par le style des draperies, par
l’audace de l’inspiration, les Néréides se rapprochent déjà de l’art
du iv° siècle, auquel nous devons la belle Yictoire de Samothrace.

En résumé, le monument des Néréides est une œuvre complexe
et il n’est pas facile de déterminer à quelle école il appartient. Les
statues sont-elles de la même main que les bas-reliefs et faut-il en
faire honneur à un Lycien ou à un Grec? Un fait est hors de doute :
l’artiste qui a conçu le monument était formé à l’école des maîtres
grecs, et les réminiscences de l’architecture athénienne que nous
avons signalées, les souvenirs de la frise du Partbénon, permettent
de croire qu’il a étudié à Athènes. D’autre part, certains éléments
de décoration, comme les frises, la corniche supérieure, la forme du
soubassement, sont empruntés à l’art indigène. Nous croyons que
l’œuvre a été dirigée par un artiste formé en Grèce, sinon Grec de
naissance, avec le concours de sculpteurs lyciens d’ordre secondaire,
et que tout en attribuant une large place aux éléments purement
helléniques, il a fait des concessions au goût local. Le monument des
Néréides a donc une réelle importance pour l'histoire de l’art; il
montre que vers la fin du ve siècle, l’éclat de la sculpture attique
rayonne jusque dans des pays qui ne sont grecs qu’à demi, en attendant
que Scopas et ses élèves y apportent les pures traditions de l’art
attique du iv° siècle.

MAXIME COLLIGNON.

(La suite prochainement.)
 
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