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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Une tournée en Auvergne, 2, Riom - Clermont - Le Puy
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0123

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

dence a travaillé aussi à la physionomie de Riom. Elle a semé cette
ville judiciaire de grands hôtels d’aspect solennel et confortable. Et
partout, dans les rues, sous le gai sourire du matin, des entasse-
ments de légumes et de fruits jettent au milieu des ensembles noirâ-
tres J es notes vives chères à Snyders et à Van Utrecht. 11 y aurait
là bien des joies pour un coloriste ; mais, si nous avons pour le détail
pittoresque tous les égards qui lui sont dus, le temps nous presse. A
Riom, nous ne voyons sérieusement que la Sainte-Chapelle et ses
vitraux.

La Sainte-Chapelle, monument du xive siècle, complété et décoré
au xve, est une annexe d’un gros et grand palais de justice, œuvre
gréco-moderne dont la froide correction glace les âmes. L’idée que
si l’on avait utilisé ses études de droit, on pourrait être conseiller à
la Cour de Riom et rendre des arrêts dans ce temple, paralyse les
plus fermes courages. Il faut se réfugier dans la chapelle, superbe
d’ailleurs par le parti-pris de ses silhouettes extérieures, par la
galerie ajourée qui la couronne et par la sobriété de la sculpture qui
la décore sans la cacher. Quant à la date de la construction, le cice-
rone nous parle de 1382 : il peut avoir raison, car le monument est
l’œuvre de Jean de France, duc de Berry, frère de Charles V. C’est
surtout l’intérieur de la chapelle qu’il faut voir. A une époque qui
se croyait civilisée, ce vaste vaisseau avait été sottement partagé en
deux étages au moyen d’un plafond qu'on a fait disparaître. On a, en
même temps, restauré, mais avec discrétion, les vitraux de l’abside.
Ils sont du commencement du xve siècle. Dans la partie supérieure de
la verrière du fond, on peut admirer encore le grand style de l’art
qui va périr ou qui doit, du moins, se modifier par la recherche du
naturalisme. Ils sont superbes, ces prophètes ou ces apôtres, déroulant
des phylactères : une sorte de sentiment sculptural anime ces figures
amples et grandioses. Le bas du panneau central représente
l’Adoration des rois. La Vierge est assise tenant sur ses genoux un
petit Christ robuste et idéalisé. Ce groupe se détache sur une dra-
perie d’un violet pourpré, étoffe toute fleurie de ramages et de
gaufrures dont le dessin fait songer aux riches tissus que Van Ejœk
a tant aimés.

Les figures qui meublent la composition et qui lui donnent l’accent
de la vie sont presque toutes des portraits. On y reconnaît le duc
Jean de Berry, agenouillé auprès de sa femme. Derrière eux, saint
Louis et une sainte. Comme dans beaucoup de vitraux du temps
l’artiste a cherché des effets de contraste, car les visages, peu
 
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