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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 2
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Michel, Émile: Gérard ter Borch et sa famille, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0145

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GÉRARD TER BORCII.

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et finissent même par disparaître tout à fait des tableaux du Maître.
Avec la sécurité, la richesse a pénétré parmi la nation, et les costumes,
les intérieurs ornés de meubles et d’objets de prix dénotent un luxe
croissant. Ter Borch nous fait connaître ces mœurs nouvelles et il en
a multiplié, sans chercher à beaucoup les varier, les fidèles images.
Vous l’avez vue souvent, cette jeune femme blonde, aux cheveux
frisottés, à la fraîche carnation, au front large et bombé, au nez un
peu aventureux, à la bouche vermeille. C’est sans doute une parente
ou une amie de l’artiste et sa garde-robe elle-même vous est familière,
car il a bien souvent reproduit, toujours avec un charme inimitable,
ce caraco de soie jaune ou de velours grenat bordé de cygne, ce collier
de perles qui fait valoir la blancheur de son cou, et surtout cette robe
de satin blanc si finement brodée d’or qui étale avec de si beaux
reflets les cassures de ses plis chatoyants. Sa chambre, vous la
connaissez aussi, cette chambre toute tendue de rouge avec sa haute
cheminée de marbre, son petit lit à baldaquin en forme de guérite, sa
table couverte d’un épais tapis d’Orient ou d’un velours cramoisi à
franges d’argent, l'aiguière d’un travail si précieux, enfin la chaise
basse sur laquelle s’est endormi pelotonné le chien favori, un épagneul
blanc tacheté de roux. C’est là que la dame s’attife, écrit, travaille de
ses doigts agiles ou pince délicatement son luth. Parfois aussi elle lit
une lettre dont le porteur attend la réponse; ou bien elle est en com-
pagnie de quelque jouvenceau qui converse ou chante avec elle,
partage la collation qu’elle lui offre ou lui conte doucement fleurettes.

Ces simples épisodes avaient bientôt obtenu la vogue, et pour satis-
faire les amateurs, Ter Borch devait en faire des répétitions à peine
variées ou même identiques. La National Gallery, le Musée de Saint-
Pétersbourg et la collection de M. Six possèdent des exemplaires
presque pareils du Concert, et la Remontrance paternelle du Musée de
Berlin se retrouve également au Rijks Muséum d’Amsterdam et chez
lord Ellesmere. En homme d’ordre, l’artiste n’hésite pas à utiliser
les études de détail qu’il a faites pour ces compositions ou bien à en
reproduire des fragments détachés. La Joueuse de luth qui figure dans
le Concert est représentée seule dans un tableau du Musée de Cassel,
et avec un autre personnage dans une variante qui appartient à
Mme la princesse Demidoff. Enfin la Jeune fille vêtue d’une robe de satin
blanc du Musée de Dresde et de la collection de M. H. de Greffulhe
est exactement pareille à celle de la Remontrance paternelle.

Mais nous voyons Ter Borch s’accommoder de données encore
plus élémentaires. Un Fumeur (Musée de Berlin), un Ménétrier qui
 
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