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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 2
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Michel, Émile: Gérard ter Borch et sa famille, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0154

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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qualités, notamment dans le charmant croquis que le Louvre doit à
la libéralité de M. His de La Salle (n° 224), ou dans les remarquables
crayons que possède le Musée Teyler, voyez dans les tableaux du
maître ce qu’une étude poussée plus avant y ajoute encore de finesse,
de pénétrante et intime expression.

Comme son dessin, sa couleur et son exécution sont bien à lui;
exécution incomparable qui fait que sous son pinceau les moindres
objets deviennent intéressants. Pour quiconque est sensible à ce que
vaut l’art de peindre, c’est un sujet d’émerveillement toujours renou-
velé que l’examen prolongé des œuvres de Ter Borcli. Le mot trop
prodigué de perfection reprend avec lui toute sa signification ; seul il
peut embrasser tout ce qu’il entre de qualités diverses dans son talent,
leur complexité et leur union si harmonieuse qu’il serait difficile
d’en signaler une qui prédomine. Cet ensemble de qualités, nous le
retrouvons dans toutes les productions de notre peintre, notamment
dans ce délicieux Concert du Louvre, dont l’habile et consciencieux
burin de M. Gaujean a mis sous les yeux de nos lecteurs une traduc-
tion aussi fidèle que charmante. On ne serait pas embarrassé pour
citer dans l’histoire de l’art des peintres de plus haut vol, plus libres
dans leurs allures, plus nobles dans leurs visées; on n’en découvrirait
aucun d’un talent aussi équilibré, aussi accompli, aussi exigeant
pour lui-même. Sans impatience, sans fatigue, d’un pas toujours égal,
Ter Borcli marche droit au but. Il l’atteint toujours parce qu’il sait
exactement ce qu’il veut et qu’il le dit d’une manière excellente. Sans
prétendre que les sujets soient chose indifférente, nous nous inté-
ressons à ceux qu’il a traités : fussent-ils encore plus modestes, ils
ne cesseraient pas de nous captiver, tant il y a mis de science et
de vie.

Cette expression de la vie est chez lui si pleine et si exquise que,
non content d’admirer ses œuvres, bien des écrivains et Goethe tout
le premier 1 ont cherché, à côté de leur mérite d’art, ce qu’elles pou-
vaient suggérer d’anecdotes plus ou moins romanesques. Ter Borcli
ne saurait être responsable de ces belles imaginations. Après lui,
chez Netscher, son élève, et chez ses indignes imitateurs, les Mieris,
les Lairesse et les Van der Werff, ces intentions littéraires seront
appuyées, soulignées à satiété. Artistes médiocres, ceux-ci ne pensent
pas pouvoir être compris à demi-mot. Ils veulent qu’on leur sache
gré de tout l’esprit qu’ils croient avoir, et c’est avec un luxe de

1. Dans ses Affinités électives.
 
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