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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 2
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Durand-Gréville, Émile: Les noveaux documents hollandais sur la "Ronde de Nuit" de Rembrandt
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0194

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178

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

appliquée au tir des arquebusiers, — et pour faire remarquer que cette porte
extérieure n’a rien de commun avec celle du tableau. Ceci dit, venons-en à la
phrase importante : « Ensuite on arrive, par une avant-cour, à (ou dans) la maison,
et, en montant un large escalier, à (ou dans) la grande salle du tir. » Cette phrase,
publiée en 1763 par quelqu’un qui avait sous les yeux le bâtiment même du Tir
des arquebusiers a l’air d’avoir été écrite d’après le tableau de Rembrandt, et
semble prouver que le maître avait placé ses arquebusiers devant leur propre
demeure. Cependant le critique anonyme hésite prudemment à tirer cette con-
clusion d’une manière définitive : il voudrait avoir là-dessus l’avis de M. Meyer
et confirmer son hypothèse par l’examen d’une gravure que ce dernier avait
envoyée à l’Exposition historique d’Amsterdam de 1876, gravure « qui peut lever
tous les doutes ». Dans sa réponse, M. Meyer n’avait pas suffisamment remarqué
que la description de Wagenaar impliquait l’existence de deux portes, l’une servant
à entrer de la rue dans la cour, l’autre servant à entrer de la cour dans la maison.
C’est pourquoi il argumentait (Spectator du 23 octobre) pour prouver que la porte
extérieure de la rue des Tirs, « n’étant pas dans un mur percé de fenêtres », n’a
rien de commun avec celle du tableau de Rembrandt, et il négligeait la question
importante, savoir : l'identification de la cour, de la maison et de l’escalier avec
les parties correspondantes du tableau. Pour presser la solution de la question,
nous avons écrit à ce sujet à M. Meyer, et nous voilà fort ébranlé. En effet, M. Meyer
nous communique un dessin d’architecte reproduisant le plan du Tir en 1736. Dans
ce plan, aucun perron n’est indiqué devant la maison. Faut-il supposer, comme
le dit avec vraisemblance M. Meyer, que Rembrandt, selon un usage assez répandu
à cette époque, a créé une architecture de fantaisie? Ou bien l'artiste aurait-il
pris pour modèle un autre monument? On saura certainement un jour ce qui en
est, car les érudits hollandais sont des chercheurs infatigables.

En attendant, nous pouvons leur donner sur la façade de ce monument hypo-
thétique un renseignement basé sur les considérations d’astronomie élémentaire
que voici : les ombres portées du tableau sont dans un plan presque parallèle à
la façade; l’ombre portée de la main gauche de Cock sur la tunique du lieutenant
montre que le soleil est à 33 ou 40 degrés au-dessus de l’horizon; la latitude
d’Amsterdam est de 52 degrés. Si nous savions à quelle date de l’année Rembrandt
a établi l’effet de son tableau, nous pourrions dire très exactement de quel côté
la façade était tournée. Mais il est certain, en tout cas, qu’elle regardait un point de
l’horizon situé entre l’est-nord-est et l’est-sud-est. Le renseignement n’est pas d’une
importance capitale, mais qui sait? peut-être pourra-t-il servir à quelque chose.

M. Meyer a eu la curiosité bien inspirée d’aller examiner la petite salle du
conseil de guerre, où le tableau avait été transporté quand on l’eut retiré du Tir
des arquebusiers. Cette salle est à l’étage supérieur de l’Hôtel de Ville, dans la partie
rentrante, tournée vers le sud, de la façade ouest. Au premier abord, l’intervalle
compris entre les deux portes semble trop petit pour avoir donné place au tableau,
car la distance entre les montants n’est que de 4m,05, alors que la largeur du
tableau actuel, sans cadre, est encore de 4m,35. Mais la porte ouest est en partie
fausse, de sorte que la distance entre les ouvertures réelles est de 4m,52. C’était
insuffisant pour la largeur primitive du tableau, qui atteignait 5 mètres d’après nos
calculs. En retranchant deux pieds à la toile, on arrivait non seulement à pouvoir
la caser, mais encore à lui donner un cadre ou plutôt une bordure de 13 à 14 cen-
 
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