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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 3
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Pératé, André: Dessins inédits de Sandro Botticelli pour illustrer l'Enfer de Dante
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0219

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198

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de retrouver ici le Maître; aussi l’admirable édition entreprise
par M. Lippmann 1 dut-elle le conduire à rechercher nos dessins et à
les rencontrer. Us n’ont pas encore été publiés, mais j’apprends qu’on
les a photographiés depuis peu, et je souhaite qu’ils soient bientôt
reproduits comme ils le méritent2. En attendant, j’ai le vif plaisir
d’en adresser une primeur, de la Bibliothèque même du Vatican, aux
lecteurs de la Gazette. J’ai calqué et reporté mes dessins pour la
gravure avec tout le soin que j’ai pu, les reprenant attentivement à
la plume, et m’efforçant d’être fidèle jusqu’au plus exact fac-similé.
Il faut pardonner à un petit serviteur de Botticelli la joie de publier
quelques fragments inédits du Maître; d’ailleurs, ce que personne ne
saurait exprimer, c’est la finesse du trait, ces tons fanés de l’encre
sur le parchemin vieilli, et ces souvenirs du crayon qui transparaît
sous la plume, et soutient la forme ou la modèle vaguement.

Le premier dessin illustre le chant neuvième. A gauche est le
marais fétide, où les damnés, nageant à demi, hurlent, se frappent
du poing, se prennent aux cheveux, sous les nuages de vapeur qui
montent. Au milieu se dresse la haute tour crénelée d’où se penchent
en criant les trois furies enlacées d’hydres et coiffées de serpents ;
Botticelli a rendu hardiment ces vieilles nudités qui se tordent et
gesticulent, crins hérissés ; même si hardiment, qu’une sage Revue
aurait honte à les reproduire. A leur côté, un diable aux ailes de
chauve-souris, obscène et tragique, brandit en grimaçant la tête de
Méduse, bouche ouverte, sifflant de toutes ses vipères. Plus bas,
des fenêtres de la tour sortent, parmi les flammes, des têtes de diables
tout à fait comiques, et qui font songer à une fantaisie japonaise. Un
grand ange d’un dessin charmant, ailes étendues, plane et descend
au pied de la tour ; le voici debout, repoussant de sa baguette une
foule d’autres démons, qui rentrent en grimaçant dans cette tour
infernale.

Derrière l’ange, Botticelli a représenté quatre fois le groupe de
Dante et de Virgile dans leurs attitudes successives. Faut-il accuser
là une naïveté d’artiste? N’y doit-on pas reconnaître plutôt la tradition
du moyen âge, et la seule façon, en somme, d’illustrer dans un dessin
tout un chant, de l’expliquer entièrement au regard, au lieu de n’en
fixer qu’un moment et qu’un détail? Le dessin suit pas à pas le texte,

1. Yoyez les deux articles de M. Ephrussi dans la Gazette des Beaux-Arts du
Ie*' mai et du 1er juillet -1885.

2. M. J. Strzygowski a fait, sur ces dessins, à l’Institut archéologique allemand,
une lecture qui n’a pas été imprimée.
 
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