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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 3
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Pératé, André: Dessins inédits de Sandro Botticelli pour illustrer l'Enfer de Dante
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0221

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200

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

main sur l’épaule, et de l’autre lui montrant l’ange secourable qui
contient du bâton la horde démoniaque.

Dans la partie droite de la composition, en haut, continue le
marais avec ses damnés; en bas, les deux poètes sont entrés dans la
Cité de deuil, et regardent les tombes flambantes des hérésiarques
et des incrédules.

Maintenant nous sommes dans le septième cercle (fol. 98). Au
milieu, le Phlégéthon se précipite en cataracte. A droite, parmi les
rochers, sont assis et accroupis des damnés sur qui pleuvent les
flammes. Plus haut, d’autres courent, s’arrêtent, se tordent, se
frappent des mains en criant, sous la morsure de la pluie brûlante.
Voyez de quelle plume facile et légère ils sont lancés, précisés de
contour, indiqués de muscles et d’attaches; cela rappelle le meilleur
Signorelli. Dante et Virgile descendent sur la rive opposée du fleuve,
les damnés leur parlent, et leur groupe, trois fois reproduit, s’arrête
enfin devant la figure griffue de Géryon, qui les recevra sur ses épaules.

Le chant quinzième est illustré par une miniature, analogue de
composition au dessin précédent1. Le Phlégéthon, rougeâtre, traverse
la pente d’un brun uniforme où se détachent le rose monotone des
chairs et le rouge vif des flammes. A gauche, paraissent Dante et
son maître, le premier trois fois répété, d’abord à la plume, puis
avec un commencement de peinture, une robe très rouge, à longs
plis flottants, qui répond à la robe bleue de Virgile.

La miniature est inachevée, c’est vrai; mais comme cette gouache
épaissit, dérobe la finesse et la précision des traits ! Comme ces
taches de rouge et de bleu vifs sont peu plaisantes à l’œil ! L’effet en
est plus marqué encore dans le dessin qui représente les poètes, au
chant dixième, visitant les tombeaux d’où jaillissent des flammes, et
parlant aux damnés. Cinq fois Dante, quatre fois Virgile se présentent
dans ce coloriage trop cru, qui fatigue l’œil habitué à la douceur
claire de la plume.

La seule miniature qui soit entièrement terminée, dans son cadre
à feuillages d’or, sert de frontispice à l’Enfer. C’est l’immense
entonnoir rocheux dont les neuf cercles aboutissent à la figure de
Satan. Dessin et peinture sont d’une minutie extrême, peut-être un
peu enfantine. Comment indiquer d’ensemble tous les détails du
poème, sans tomber dans un de ces amusements bons à regarder à la
loupe? Ces petits personnages innombrables manquent de proportion,

1. L’unique gouache que contienne le recueil de Berlin ressemble encore à
celle-là, et illustre le chant XVIII de l’Enfer.
 
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