LA RENAISSANCE AU MUSÉE DE BERLIN.
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de Frédéric II, on ne choisit, hélas ! que quelques pièces insignifiantes,
ce qui répondait au goût du temps.
La galerie Solly contenait ce qui manquait à cette collection : des
peintures de la vieille Ecole flamande, entre autres les volets du
retable de Gand des frères Van Eyck ; quelques chefs-d’œuvre
allemands, notamment le Portrait de Georges Gisze, par Holbein; mais
surtout une quantité considérable de peintures de toutes les Ecoles
des xive et xve siècles, comme jamais aucune autre galerie particulière
n’a pu en offrir. Dans toutes les acquisitions qui suivirent, dès 1830,
on se préoccupa avant tout de combler les lacunes, afin d’arriver à
donner aux visiteurs un aperçu aussi complet que possible dans son
ensemble du développement de l’histoire de la peinture. Au commen-
cement, ces efforts furent couronnés d’heureux résultats : la Vision
de saint Antoine, par Murillo, .de grands tableaux d’autel par Andrea
del Sarto et Moretto, la Madone de Terranuova de Raphaël, et une autre
madone, plus ancienne, du même maître, trois triptyques de Roger
van der AVeyden, deux peintures de Thierry Bouts, le tableau de
famille de G. Metsu, le Repasseur de ciseaux de G. Ter Borch et
d’autres œuvres remarquables de ces grands artistes.
Mais déjà, peu de temps après l’arrivé au pouvoir de Frédéric-
Guillaume IV (1840), malgré le grand intérêt que ce souverain
portait à l’art, cette activité se ralentissait considérablement. Dans un
espace de temps d’environ trente ans, on ne fit que quelques rares
acquisitions d’œuvres valant la peine d’être mentionnées. A son
grand chagrin, le directeur de la galerie, le professeur AVaagen, dut
manquer les nombreuses et avantageuses occasions d’achat qu’avait
fait naître la révolution de 1848.
C’est seulement au commencement de l’année 1873 que des
ressources suffisantes et l’intérêt porté au musée par un haut protec-
teur, le prince héritier, permirent de contrebalancer un peu les
effets de cette longue inertie.
En 1874, on acheta en bloc la collection Suermondt, à Aix-la-
Chapelle, et par là on se procura l’avantage inappréciable d’avoir
des peintures de premier ordre de Jean van Eyck, de Elans Holbein,
de Velasquez et de maîtres hollandais tels que Rembrandt, Jacob
van Ruisdael, Adrian van de Velde, Paul Potter, Albert Cuijp, Van
der Neer, J. Vermeer, Th. de Iveyser, Frans Hais, etc.; de plus,
l’achat de la galerie du Palazzo Strozzi, à Florence, faisait entrer au
musée de bons portraits du Titien, de Botticelli et du Bronzino. Des
acquisitions isolées y ajoutèrent des œuvres marquantes de toutes
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de Frédéric II, on ne choisit, hélas ! que quelques pièces insignifiantes,
ce qui répondait au goût du temps.
La galerie Solly contenait ce qui manquait à cette collection : des
peintures de la vieille Ecole flamande, entre autres les volets du
retable de Gand des frères Van Eyck ; quelques chefs-d’œuvre
allemands, notamment le Portrait de Georges Gisze, par Holbein; mais
surtout une quantité considérable de peintures de toutes les Ecoles
des xive et xve siècles, comme jamais aucune autre galerie particulière
n’a pu en offrir. Dans toutes les acquisitions qui suivirent, dès 1830,
on se préoccupa avant tout de combler les lacunes, afin d’arriver à
donner aux visiteurs un aperçu aussi complet que possible dans son
ensemble du développement de l’histoire de la peinture. Au commen-
cement, ces efforts furent couronnés d’heureux résultats : la Vision
de saint Antoine, par Murillo, .de grands tableaux d’autel par Andrea
del Sarto et Moretto, la Madone de Terranuova de Raphaël, et une autre
madone, plus ancienne, du même maître, trois triptyques de Roger
van der AVeyden, deux peintures de Thierry Bouts, le tableau de
famille de G. Metsu, le Repasseur de ciseaux de G. Ter Borch et
d’autres œuvres remarquables de ces grands artistes.
Mais déjà, peu de temps après l’arrivé au pouvoir de Frédéric-
Guillaume IV (1840), malgré le grand intérêt que ce souverain
portait à l’art, cette activité se ralentissait considérablement. Dans un
espace de temps d’environ trente ans, on ne fit que quelques rares
acquisitions d’œuvres valant la peine d’être mentionnées. A son
grand chagrin, le directeur de la galerie, le professeur AVaagen, dut
manquer les nombreuses et avantageuses occasions d’achat qu’avait
fait naître la révolution de 1848.
C’est seulement au commencement de l’année 1873 que des
ressources suffisantes et l’intérêt porté au musée par un haut protec-
teur, le prince héritier, permirent de contrebalancer un peu les
effets de cette longue inertie.
En 1874, on acheta en bloc la collection Suermondt, à Aix-la-
Chapelle, et par là on se procura l’avantage inappréciable d’avoir
des peintures de premier ordre de Jean van Eyck, de Elans Holbein,
de Velasquez et de maîtres hollandais tels que Rembrandt, Jacob
van Ruisdael, Adrian van de Velde, Paul Potter, Albert Cuijp, Van
der Neer, J. Vermeer, Th. de Iveyser, Frans Hais, etc.; de plus,
l’achat de la galerie du Palazzo Strozzi, à Florence, faisait entrer au
musée de bons portraits du Titien, de Botticelli et du Bronzino. Des
acquisitions isolées y ajoutèrent des œuvres marquantes de toutes