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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 3
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Gonse, Louis: Ferdinand Gaillard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0250

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228

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Cette planche de Y Homme à l’œillet nous suggère d’autres réflexions.
Elle nous renseigne sur la manière de procéder du graveur. Elle nous
montre que lorsque l’artiste voyait nettement le but à atteindre il a
toujours été servi par la rapidité des moyens. Son esprit hésitait,
tâtonnait parfois longuement; il a connu de cruelles et fiévreuses
indécisions. Le parti à prendre dans l’interprétation le troublait
au dernier point ; il avait comme une terreur insurmontable de la
première attaque du cuivre. Mais lorsque le plan était bien arrêté, le
morceau marchait grand train et sans défaillance. Gaillard avait,
d’ailleurs, comme beaucoup d’artistes, besoin d’être talonné par une
échéance.

L’Œdipe et la Vierge d’Orléans, sont des réalisations d’art non
moins remarquables que Y Homme à l’œillet. Gaillard aimait avant
tout les formistes. Après Van Eyck, il lui convenait de se mesurer
avec Ingres et Raphaël. O11 ne pouvait choisir deux œuvres plus
caractéristiques de ces maîtres. Dans l’une, il a rendu la fermeté
sculpturale du nu; dans l’autre, la grâce des attitudes, le délicieux
sourire de la jeunesse. Dans l’une et dans l’autre, se rencontrent le
même goût, la même mesure, la même sobriété d’effet.

Citons encore, sans nous y arrêter, le buste en bronze de Dante,
de la collection Wallace (Gazette des Beaux-Arts, août 1872), les
illustrations du Thorwaldsen de M. Eugène Plon et les nombreux
dessins exécutés pour la Gazette.

La grande planche d’après Botticelli, tour à tour reprise et aban-
donnée, puis interrompue par la guerre, ne fut livrée à la Chalco-
graphie qu’en 1872. C’est une des œuvres capitales de Gaillard. Les
états sont nombreux et tous intéressants. La planche fut d’abord
accueillie froidement au Louvre. Le succès cependant ne se fit pas
attendre. Presque toutes les épreuves du premier tirage furent
achetées par l’Angleterre.

L’année 1872 marque une date dans la carrière de l’artiste. Il
remporte au Salon son premier succès comme peintre. On se souvient
de cet étonnant portrait de femme âgée, le portrait de sa tante, qui
lui valut une deuxième médaille. L’accent qu’il avait mis dans cette
figure, dont le dessin est d’une acuité extraordinaire, le plaçait d’un
coup à côlé des grands portraitistes du xve siècle. Ce n’était là
pourtant, à bien prendre, qu’une œuvre de graveur. L’exécution est
sèche et monochrome. Gaillard, malgré ses prétentions à la peinture,
malgré le temps qu’il y a perdu au détriment de son art de graveur,
Gaillard n’était pas un peintre au sens exact du mot. Les seules
 
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