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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 3
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Gonse, Louis: Ferdinand Gaillard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0256

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

comme à contre-cœur, et apporte bientôt au journal un essai indigne
de lui. Il n’avait ni saisi, ni senti la troublante énigme. 11 efface son
cuivre, se remet à la besogne, plein d’hésitations. Tout d’un coup,
il voit la figure sous un autre angle, sous un jour plus vrai, il com-
prend, s’enthousiasme : quelques jours après la planche était ter-
minée, et c’est, assurément, Tune de ses productions les plus parfaites.

En 1876, il grave, pour le journal Y Art, son tableau de Saint
Sébastien, dont il fait un morceau d’une délicatesse précieuse, mais
de signification moins décisive que ses portraits.

Il exécute, enfin, deux grandes planches pour la Société française
de gravure et la Chalcographie : les Pèlerins d’Emmaüs, de Rembrandt,
et le Saint Georges, de Raphaël. Nous nous sentons mal à l’aise
pour parler de ces œuvres, qui sont les dernières. L’esprit de l’artiste
n’a plus la même lucidité; la main semble parfois fatiguée; l’œil
n’a plus la même fraîcheur d’impression. Il y a encore dans ces deux
morceaux des mérites d’un ordre supérieur; il y a, notamment, dans
le Rembrandt, l’ambition généreuse de résoudre le plus difficile pro-
blème qui se soit jamais offert aux méditations d’un buriniste; il y a
des hardiesses heureuses, des détails où jaillit l’éclair ; mais l’œuvre
dans son ensemble, ainsi qu’en témoignent ses états trop nombreux,
est péniblement menée. Si l’àme de Rembrandt s’y retrouve, si sa
pensée intime y resplendit dans quelques figures, sa lumière, cette
lumière surnaturelle qui illumine et baigne tout le tableau, en est
absente.

N’ayons garde aussi d’omettre une petite planche charmante, le
Saint François d’Assise, d’après Fra Angelico, que l’artiste grava pour
servir de frontispice au bel ouvrage édité par la librairie Plon et qui
parut également dans la livraison de janvier 1885 de la Gazette des
Beaux-Arts. C’est une œuvre de foi, que l’âme religieuse de Gaillard
préférait à beaucoup d’autres. Il avait un culte tendre pour l’exquise
et mystique figure de ce François d’Assise, ami des fleurs et des
oiseaux. Il s’était fait recevoir du tiers-ordre des Franciscains; à
ses derniers moments il manifesta la volonté d’être enseveli dans sa
robe de moine.

Lorsque la mort est venue le surprendre, Gaillard était
occupé à graver, pour l’Etat, la Joconde de Léonard. Qu’aurait été
cette œuvre-testament, cette œuvre que depuis vingt ans il rêvait
d’accomplir? Nul ne le sait, et nul ne le pourrait dire. La planche
n’est qu’une ébauche, magnifique sans doute, du vêtement, de la
poitrine et d’une partie du visage ; les mains, les mains divines de
 
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