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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 3
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Bapst, Germain: Le Sancy et le Miroir de Portugal, 2: les diamants de la couronne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0259

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LE SANG Y ET LE MIROIR DE PORTUGAL.

237

Antoine de Crato vaincu, fugitif et dépossédé, n’avait plus d’autre
ressource, pour combattre les prétentions de son rival, que les
diamants de la Couronne de Portugal qu’il avait emportés. Arrivé à
Londres en 1581, il s’efforça d’intéresser à sa cause la reine Elisabeth.
Celle-ci, avec sa perfidie ordinaire, promit tout ce qu’on voulut, elle
demanda, en échange des secours qu’elle allait procurer, la cassette
d’Antoine de Crato, qui s’empressa de donner satisfaction à sa
protectrice; mais aussitôt que la reine fut en possession des joyaux
portugais, elle arrêta tous les préparatifs commencés et empêcha
même ses sujets de fournir des subsides. Antoine, découragé, dut,
un an après, se retirer en France.

Lorsque Sancy put se mettre en rapport avec Antoine, — ce qui
n’est pas démontré, — le prétendant ne pouvait lui livrer aucun dia-
mant, puisqu’il avait laissé ceux qu’il possédait en Angleterre. Si
deux dépêches de Tassis, ambassadeur d’Espagne à Paris 1, parlent
d’un diamant qui fut engagé par Antoine, pour une somme consi-
dérable, on peut dire qu’il s’agissait d’une pierre, donnée à Lei-
cester afin de gagner par ce moyen les bonnes grâces d’Elisabeth.

Les partisans de la théorie de Froude peuvent invoquer un
jugement, rendu, en 1583, contre don Antonio : par cette sentence,
le prétendant était condamné à mort, pour avoir notamment enlevé
les diamants de la couronne de Portugal2. Mais nous verrons que
cette preuve est moins sérieuse qu’elle le parait.

Don Antonio avait également remis à Alvaro Mendès (financier
juif portugais, qui opérait tantôt pour le compte de Philippe II,
tantôt pour celui du prétendant) des diamants estimés plus de
200,000 écus ; parmi ceux-ci, il s’en trouvait un « d’une grande valeur »,
sur lequel Mendès avait personnellement prêté 20,000 écus. Les
diamants de don Antonio ne sont nulle part assez clairement dési-
gnés pour qu’il soit possible d’en constater l’identité soit avec le
Sancy, soit même avec le Miroir de Portugal. On ne saurait donc
attribuer au Sancy une origine portugaise, puisque, malgré de
nombreuses recherches à Paris et à Londres, il a été impossible de

1. Dépêches des 25 et 31 janvier 1582 (/I. N. Archives de Simon Cujfe, K. 1560,
nos 7 et 8).

2. Le jugement du 9 juillet 1583 porte que don Antonio est condamné à mort
pour avoir pris de force les objets précieux de certaines confréries, notamment
de celle de Saint-Antoine, de Lisbonne, une grande partie de l’argent déposé dans
certaines églises et dans plusieurs monastères de la même ville, plus les objets
précieux, les pièces riches, les joyaux et autres pierreries du Trésor, qui appar-
tenaient audit seigneur, le roi d’Espagne et de Portugal.
 
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