Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Hamel, Maurice: Exposition de tableux de maîtres anciens au profit des inondés du midi
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0268

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
246

GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

problèmes ne soient posés à nouveau, quelques procès révisés. Forcés
de faire un choix parmi tant d’objets qui réclament l’attention, il
nous faut naturellement insister sur les œuvres qui appellent la
discussion.

L’École italienne figure seulement pour mémoire. Deux anges
candides de Fra Angelico rappellent la pure aurore du xve siècle;
quelques fins Guardi, un Longhi d’un amusant caprice, deux
fantaisies élégantes et grêles de Tiepolo, nous apportent la grâce
efféminée de l’École vénitienne à son déclin. Il est vrai que Raphaël
apparaît ici avec l’autorité de son nom ; mais il est permis de douter
de sa présence réelle. Bien que provenant de la collection du roi
Charles Ier d’Angleterre, le portrait du marquis Federico de Mantoue
n’affirme pas très haut son authenticité, du moins dans l’état où le
tableau se montre aujourd’hui. Qu’il ait pour base une œuvre du
maître cela n’est pas contestable. La simplicité hardie de l’expression
en fait foi. Mais comment expliquer ces lourdeurs d’imagerie cons-
ciencieuse, cette exécution pénible et fatiguée? A quelles finesses
reconnaître la main ou l’œil d’un grand peintre?

L’École flamande primitive couvre presque un panneau. On admire
la naïveté savante de ces vieux maîtres et l’intimité du sentiment
qui divinise les traits humains de leurs Vierges. Dans le triptyque
du Calvaire, la gesticulation violente et les attitudes forcées mon-
trent encore la volonté de l’artiste en lutte avec l’inexpérience de
l’exécutant : mais déjà la Madeleine en pleurs de Matsys, figure exquise
aux yeux obliques, aux lèvres douloureuses, annonce l’approche d’un
art qui saura rendre la passion dans ses plus délicates nuances.

Le Portrait du duc cl’Albe par Antonis Moor, est l’expression
absolue d’un caractère. Le souvenir se reporte nécessairement au
tableau de Bruxelles défini par Fromentin de telle façon qu’il n’y
faut pas revenir. L’arrangement est à peu près identique. Ici, comme
dans le Musée flamand, le duc est vu de face, la tète tournée de trois
quarts vers la droite, tout armé, la toison d’or au cou, un crucifix
sur la poitrine, l’écharpe rouge en sautoir; il tient de la droite le
bâton de commandement; le bras gauche d’un geste anguleux vient
poser son gantelet de fer sur le coin d’une table. Même expression
de volonté dure, même regard impérieux et noir, même figure longue
aux plans accusés. Mais à Bruxelles, la barbe, également rare sur
les joues, grisonne ainsi que les cheveux. Ici les cheveux sont noirs
légèrement teintés de roux, la barbe noire aussi et mêlée de quelques
fils d’argent. En revanche, l’exécution diffère sensiblement. Au lieu
 
Annotationen