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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 3
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Phillips, Claude: Expositions rétrospectives de la Royal Academy et de la Grosvenor Gallery: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0280

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258

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

n’ont rien de commun avec le peintre, et ne paraissent même pas sortir de son
atelier. Parmi ces dernières, il y a cependant un portrait d’un véritable intérêt :
c’est celui d’une grande dame, apparemment italienne, aux cheveux d'un noir
d’ébène relevés sur le front, vêtue d’un costume d’une magnificence sombre et un
peu empesée. On a cru y voir une œuvre de la manière génoise du Maître, mais
un examen des magnifiques échantillons de cette même manière qui l’entourent,
nous forcent à rejeter cette hypothèse. Je serais porté à attribuer ce beau portrait
— qui est de l’Ecole flamande des Fourbus et d’un maître qui n’a point, ou fort
peu, subi l’influence de Rubens — à ce Juste Sustermans, qui pendant un demi-siècle
peignit les princes et princesses de la famille de Médicis à Florence, et dont Van
Dyck nous a laissé le portrait dans son Iconographie.

En vérité, cette manière génoise — ou plus correctement italienne — du Maître,
est étonnamment bien représentée, non par de nombreuses toiles, mais par quelques
morceaux excellents, entre lesquels je signalerai surtout deux toiles. C’est d’abord
la Marquise Balbi, provenant de la collection de M. Holford, à Dorcliester House :
portrait d’une jeune et belle Italienne, dont la distinction n’exclut point une
nuance de vivacité; elle est assise et porte un costume d’un vert très sombre
agrémenté d’or. Plus beau encore est le groupe des Enfants de la maison Balbi (à
lord Cowper), trois beaux enfants d’une exquise distinction, et cependant d’une
naïveté toute juvénile, vêtus de costumes d’une grande richesse, et posant grave-
ment sur les marches d’un grand escalier. Le jeune peintre a réussi dans ces deux
toiles à adopter la manière noire du Caravage, tout en restant, ce que n’était point
le maître italien, un vrai coloriste. Signalons encore comme appartenant à peu près
à la même époque le beau Don Lïvio Odescalchi (à sir Hume Campbell), la Marquise
Brignole-Sata avec son fils (à lord Warwick) et un Marquis Catlaneo fort douteux.

L’Exposition est beaucoup moins riche en œuvres marquantes, et surtout en
portraits, de la seconde période flamande, qui suivit le retour de Van Dyck dans
sa ville natale, après le grand voyage d’Italie. Pour cette raison on a eu mille fois
tort de ne point donner place parmi les dessins à l’incomparable série de portraits
d’artistes, et d’autres personnages, gravés à l’eau-forte pour servir de base à Y Ico-
nographie, lesquels sont une des grandes œuvres de l’époque et du Maître. M. Hesel-
tine nous montre un superbe dessin pour le Lucas Vorsterman, très poussé et de
tous points semblable à l’eau-forte, et c’est assez pour augmenter encore nos
regrets. Une belle toile de cette époque est la Femme de Snyders (à lord Warwick)
qui n’égale cependant pas le délicieux portrait anonyme d’une dame assise avec
son enfant (à lord Brownlow), très flamand encore, à la mode de Rubens, mais
d’un charme mélancolique et pénétrant que ce grand peintre n’a point connu. Le
Snyders avec sa femme, envoyé par le duc de Cleveland, est dans un état si
pitoyable qu’on ne saurait affirmer s’il a jamais été une œuvre de Van Dyck; à
coup sûr ce n’en est plus une.

Nous approchons de la grande période anglaise, la plus féconde de toutes, et
en même temps, à certains égards, la plus remarquable au point de vue de la
facture.

La reine a envoyé de Windsor le charmant portrait des Trois enfants de
Charles Ier, dont il y a une excellente répétition à Dresde, et une belle esquisse au
Louvre. Ce morceau, d’une exécution délicate et d’une couleur quelque peu assagie,
est encore digne d’admiration, quoiqu’il soit loin d’égaler l’incomparable chef-
 
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