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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 3
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Phillips, Claude: Expositions rétrospectives de la Royal Academy et de la Grosvenor Gallery: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0282

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260

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’œuvre de Turin, où paraissent les mêmes enfants un peu plus jeunes, toile dans
laquelle le Maître a déployé toutes ses qualités d’exécution, et qui est étonnamment
bien conservée. Le tableau qui, dans l’Exposition, rappelle le plus cette exécution
légère et spirituelle, ce coloris brillant et argenté, est le portrait de la reine Henriette-
Marie avec son nain sir Jeffrey Hudson (à lord Northbrook), qui est aussi la plus
vivante et la meilleure des nombreuses représentations de la fille de Henri IV qui
se trouvent réunies à la Grosvenor Gallery. Le seul portrait du malheureux roi, son
époux, qui soit vraiment de tout premier ordre, est celui qui provient de Warwick
Gastle; il nous montre le roi de face et tète nue, portant une armure complète,
et laissant reposer sa main gauche sur un casque. Les traits de Charles 1er,
empreints d’une mélancolie plus accentuée même que celle qui lui était habituelle,
sont rendus avec une fermeté et un réalisme inusités chez le peintre à cette
époque : ce portrait, de tous points remarquable, est digne, quoiqu’il en diffère
entièrement, de prendre place à côté de celui de Dresde. Si nous n’avons ici aucun
des grands portraits en pied de Strafford, nous y voyons le portrait à mi-corps
de ce ministre, appartenant au duc de Grafton — toile qui n’est pas à la hauteur
de sa réputation — et un autre, admirable de vérité et d’un caractère en même
temps énergique et pathétique, appartenant à sir Philip Egerton. Le portrait du
grand collectionneur Thomas Howard, comte d’Arundel, avec son petit-fils, n’est
guère moins précieux, malgré un certain air de raideur pompeuse, qui nuit à la
dignité des personnages : le coloris, d’une richesse sombre, rappelle encore l’École
vénitienne. Ce tableau, qui appartient à son descendant le duc de Norfolk, n’a,
jusqu’à présent, jamais paru dans une Exposition publique; on en voit une répé-
tition sortant peut-être de l’atelier du Maître, mais assurément fort inférieure, à
l’exposition actuelle de TAcademy.

Plusieurs des plus exquis parmi ces fameux portraits doubles qui furent une des
spécialités de Van Dyck, quoiqu’il ne réussît point au même degré dans les groupes
à plusieurs personnages, sont réunis à la Grosvenor. Voici les deux originaux des
Lords John et Bernard Stuart, dont l’un (gravé à la manière noire par Mac-Ardcll)
est à lord Cowper, et l’autre, d’une composition différente, à lord Darnley. Le
tableau de lord Cowper est une des plus belles œuvres de Van Dyck : le sentiment
mélancolique et chevaleresque qu’il a su imprimer aux figures des deux jeunes
héros, tout en conservant l’ardeur de leur fraîche jeunesse, est d’un effet bien
émouvant ; aucun peintre n’en aura, dans ce genre, surpassé la puissance pénétrante.
Citons encore, dans le même style, deux autres œuvres de premier ordre, le Comte
de Bristol avec le duc de Bedford (à lord Spencer) et l’admirable Killigrew et
Carew (à la reine), toile signée et datée 1638, qui, à elle seule, prouve que Van
Dyck, quand c’était bien lui qui peignait, n’avait, à la fin de sa carrière, rien perdu
ni de son habileté ni de son émotion devant le modèle vivant.

Comme spécimens de certaine manière brillante — mais infiniment moins
noble et moins ferme que celle qui a fondé sa gloire — que Van Dyck acquit quand
il devint le peintre attitré de la cour, je citerai le célèbre portrait de Racket de
Iiuvigny, comtesse de Southampton, en Fortune (à lord Cowper), véritable morceau
de bravoure, et un portrait qui est à l’Academy, celui de la voluptueuse Anne,
comtesse de Bedford (à lord Leconfield). Il n’y a pas à la Grosvenor Gallery d’œuvre
plus remarquable, ni d’une subtilité plus raffinée, que le portrait de Y Abbé César
Alexandre Scaglia (à M. Ilolford), appartenant à la période anglaise, mais peint
 
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