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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de l’histoire d’un roi qui s’en ala chacier a grant compaignie et perdit
en un bois ses gens et ses chevaux, et y trouva une merveilleuse
aventure de fées qui le jugèrent devenir cerf comme il est contenu en
la Bible. »
Puisque nous parlons de tapisseries, citons un acte où il est ques-
tion de Nicolas Bataille, le tapissier parisien qui exécuta la tenture
Y Apocalypse, de la cathédrale d’Angers. Il donne une date antérieure
à la première de celles que M. J.-J. Guiffrey a citées dans son travail
si original sur cet artisan et sur son œuvre. C’est un compte de 1374
qui relate la fourniture par « Colin Bataille, tapissier et bourgeois
de Paris, de VI tapis d’œuvre d’Arras, armoyés des armes de Mon-
seigneur le duc de Bourgogne, pour couvrir les sommiers de
Monseigneur quand il chevauchera. »
Et à ce propos ne serait-il pas permis d’ergoter quelque peu sur
ces expressions « œuvre d’Arras » et « fil d’Arras » que l’on ren-
contre souvent dans les commandes faites aux tapissiers parisiens, afin
de contrarier quelque peu notre ami J.-J. Guiffrey, qui sacrifie trop
volontiers Arras à Paris. On pourrait prétendre que les ouvriers de
la première de ces deux villes, dans nombre de cas, fabriquaient ce
que vendaient les marchands de la seconde.
La Gazette des Beaux-Arts (2° série, t. III, p. 125, et t. V, p. 93),
s’est déjà occupée de « Jehan le Voleur, ouvrier en quarreaux pains
et jolis » qu’il exécuta de 1391 à 1395, sur les modèles de Melchior
Broederlam. Nous n’y reviendrons pas, si ce n’est pour montrer que
les comptes du château de Hesdin, pour qui ces carreaux furent faits,
nous réservent une nouvelle surprise. Dans le premier cas, il s’agit
fort probablement de peinture sur terre émaillée; dans le second, il
est question de miroir en glace étamée, pour décorer une pièce qui en
prit le nom de « Chambre au miroir ». Nous trouvons, en effet, dans un
compte de 1312, des « glaces acatées à Abbeville à faire le miroir des
engiens, une livre de vif argent à faire le dit miroir » et du « papier
à chou faire et pour II plateaux à duire le miroir ». On ne parle point
d’étain, il est vrai, et en 1330, la comtesse de Flandre acheta un
miroir de cassidoine.
Un peu avant que l’on y fabriquât ce miroir, en 1305, on garnis-
sait une fenêtre du château de Hesdin d’ « une fausse verrière de
toile », et le fait se renouvela plus tard.
Le nombre relativement considérable d’ivoires du moyen âge,
parvenus jusqu’à nous, s’explique par la quantité infinie de ceux
qu’on possédait. Nous en trouvons partout : dans le mobilier des
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de l’histoire d’un roi qui s’en ala chacier a grant compaignie et perdit
en un bois ses gens et ses chevaux, et y trouva une merveilleuse
aventure de fées qui le jugèrent devenir cerf comme il est contenu en
la Bible. »
Puisque nous parlons de tapisseries, citons un acte où il est ques-
tion de Nicolas Bataille, le tapissier parisien qui exécuta la tenture
Y Apocalypse, de la cathédrale d’Angers. Il donne une date antérieure
à la première de celles que M. J.-J. Guiffrey a citées dans son travail
si original sur cet artisan et sur son œuvre. C’est un compte de 1374
qui relate la fourniture par « Colin Bataille, tapissier et bourgeois
de Paris, de VI tapis d’œuvre d’Arras, armoyés des armes de Mon-
seigneur le duc de Bourgogne, pour couvrir les sommiers de
Monseigneur quand il chevauchera. »
Et à ce propos ne serait-il pas permis d’ergoter quelque peu sur
ces expressions « œuvre d’Arras » et « fil d’Arras » que l’on ren-
contre souvent dans les commandes faites aux tapissiers parisiens, afin
de contrarier quelque peu notre ami J.-J. Guiffrey, qui sacrifie trop
volontiers Arras à Paris. On pourrait prétendre que les ouvriers de
la première de ces deux villes, dans nombre de cas, fabriquaient ce
que vendaient les marchands de la seconde.
La Gazette des Beaux-Arts (2° série, t. III, p. 125, et t. V, p. 93),
s’est déjà occupée de « Jehan le Voleur, ouvrier en quarreaux pains
et jolis » qu’il exécuta de 1391 à 1395, sur les modèles de Melchior
Broederlam. Nous n’y reviendrons pas, si ce n’est pour montrer que
les comptes du château de Hesdin, pour qui ces carreaux furent faits,
nous réservent une nouvelle surprise. Dans le premier cas, il s’agit
fort probablement de peinture sur terre émaillée; dans le second, il
est question de miroir en glace étamée, pour décorer une pièce qui en
prit le nom de « Chambre au miroir ». Nous trouvons, en effet, dans un
compte de 1312, des « glaces acatées à Abbeville à faire le miroir des
engiens, une livre de vif argent à faire le dit miroir » et du « papier
à chou faire et pour II plateaux à duire le miroir ». On ne parle point
d’étain, il est vrai, et en 1330, la comtesse de Flandre acheta un
miroir de cassidoine.
Un peu avant que l’on y fabriquât ce miroir, en 1305, on garnis-
sait une fenêtre du château de Hesdin d’ « une fausse verrière de
toile », et le fait se renouvela plus tard.
Le nombre relativement considérable d’ivoires du moyen âge,
parvenus jusqu’à nous, s’explique par la quantité infinie de ceux
qu’on possédait. Nous en trouvons partout : dans le mobilier des