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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

DOI issue:
Nr. 4
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Essling, Victor Masséna: Études sur les Triomphes de Pétrarque, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0345

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318

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rocher et dont l’eau tombe dans un bassin de granit rouge. Au
premier plan, une femme couchée sur le dos, vêtue d’une longue
robe de nuance foncée, le visage empreint de la pâleur de la mort,
son chapeau posé à terre, près de sa tête. Devant elle, un jeune
homme, debout, vêtu d’un élégant costume du temps; il tient par la
pointe une longue épée dont le pommeau est appuyé sur le sol, et sur
laquelle il va se jeter. Sa figure exprime un profond désespoir; sa
bouche est ouverte, et ses yeux fixés avec horreur sur le corps
inanimé étendu à ses pieds. Cette composition est jolie et d’un rendu
délicat ; le paysage est bien traité, la figure de l’homme très expressive.

Sur le panneau de droite, la légende de Narcisse. Comme dans
l’autre petit tableau, le fond est une forêt. Sur le devant, un jeune
homme, les cheveux épars, étendant les bras, vêtu d’un surcot vert
serré à la taille et plissé; son chapeau est près de lui à terre. Il
contemple avec admiration son image dans une petite pièce d’eau. A
sa droite, dans les herbes qui lui montent jusqu’à mi-jambe, une
jeune femme en robe rose à manches vertes, la tête couverte d’une
étoffe blanche; elle étend les bras en regardant le jeune homme.

11 est douteux que cette peinture soit la représentation de Narcisse
et de la nymphe Echo d’après la légende classique de la mythologie.
Il serait plus vraisemblable d’y voir une interprétation d’un fabliau
de la fin du xne siècle intitulé : le Lai de Narcisse, où la nymphe
amoureuse du bel adolescent est transformée en princesse Dane, fille
du roi Thèbes, qui, dédaignée par Narcisse, appelle sur lui la
vengeance de Vénus et de l’Amour, et expire de douleur à côté de
lui, lorsqu’il a été, sur sa prière, frappé à mort par la déesse. Les
Florentins affectionnaient ces versions fantaisistes des légendes
antiques : c’est ainsi que nous voyons presque constamment, dans
les Triomphes de l’Amour faits en Toscane et principalement à
Florence, la représentation du lai d’Aristote, et du Virgile descendant
d’une tour dans un panier, fabliaux également très répandus au
xve siècle.

L’intérieur du cassone est doublé de velours rouge. Le panneau
interne du couvercle est à fond d’or, sur lequel se détache une
jeune femme nue, couchée, la tête appuyée sur un coussin à dessus
brun, dont les bords, de même couleur, sont rayés de vert. Elle est
endormie, les bras croisés sur la poitrine, la main gauche posée sur
le coussin; ses cheveux blonds bouclés, sont séparés au milieu par
 
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