Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2. Pér. 35.1887)

COURRIER

DE

L’ART ANTIQUE

(troisième article1.)

Depuis que la Turquie, par la loi du mois
de février 1884, a prohibé d’une manière ab-
solue l’exportation des antiquités 2, aucune
fouille sérieuse n’a été entreprise en Asie Mi-
neure, ni par des gouvernements, ni par des
particuliers. L’Allemagne s’est contentée de
terminer les travaux en cours à Pergame 3 4 et
ne songe pas à les reprendre de sitôt. Dans les
conditions que la nouvelle loi turque fait aux
archéologues, fouiller sur territoire ottoman
est faire un métier de dupe; non seulement on
ne peut pas emporter les objets découverts,
mais l’on est obligé de payer fort cher un surveillant que le Musée de
Constantinople choisit. Il est profondément regrettable que les puissances
européennes ne se soient pas entendues, il y a trois ans, pour protester
contre un règlement absurde qui sacrifie les intérêts de la science à ceux des
fouilleurs clandestins et aux passions haineuses de quelques vieux Turcs.

L’établissement des Anglais à Chypre a eu lieu en 1878, sous l’empire de
la loi turque de 1874, qui laissait aux explorateurs le tiers des objets
recueillis par eux, avec faculté de racheter le reste k. Comme les anciens
règlements sont restés en vigueur dans l’île, Chypre est aujourd’hui le seul

1. Voy. Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XXXIII, p. 413, et t. XXXIV, p. 239.

2. Nous avons reproduit le texte de cette loi dans la Revue archéologique, 1884, I, p. 336.

3. Cf. Revue archéologique, 1887, I, p. 87.

4. Nicolaïdès, Législation ottomane, t. III, p. 162.

KYAIH KOPINOIAKH