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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 4
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Pigeon, Amédée: Le mouvement des arts en Allemagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0375

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346

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Le tableau était déjà, au siècle dernier, en possession des Marlborough; on
l’attribuait à Raphaël. Thomas Chambars le grava, en 1765, comme un Raphaël,
avec la mention : Raphaël's Mistress; on attribuait à Raphaël aussi une répétition
(ou plutôt une copie ancienne) qui, considérée également comme un original, était
l’œuvre principale d’une remarquable collection de Vérone. Le Microcosmo de
Scannelli (1657) et la relation du grand-duc de Toscane Cosimo III, de 1664, en
parlent comme d'une œuvre de Raphaël. Enfin les gravures faites au siècle dernier
et au xix° siècle, d’après le tableau de Vérone, portent le nom de Raphaël, et cette
mention : Raphaelis amicitia celeberrima la Fornarina.

C’est tout récemment qu’on a reconnu dans la Dorothée du château de Blen-
heim une autre main que celle de Raphaël; c’est tout récemment qu’on a attribué
le tableau à un autre artiste. Ce fut Waagen qui, le premier, en 1835, prononça
le nom de Sébastien del Piombo. Mais, avant lui, Passavant avait déjà dit, dans
le Kunstblatt de 1832-1833 ( Voyage artistique), que le tableau n’était pas de
Raphaël.

Ce qui est bien remarquable c’est que deux siècles auparavant l’autre Fornarina,
bien plus célèbre, celle qui est dans la tribune du Musée des Uffizi, que l’on consi-
dérait depuis longtemps comme une œuvre très importante de Raphaël, lui fut
également contestée et fut attribuée à Sébastien del Piombo. La Fornarina des
Uffizi ne ressemble en rien à la Fornarina du palais Barberini. Elle ressemblerait
plutôt à la Dorothea de Blenheim. C’est seulement à la fin du siècle dernier que la
Fornarina de Florence a été ainsi nommée, et attribuée à Raphaël, puis a reçu
une place d’honneur dans la Tribuna de Florence. Tommaso Puccini était alors
directeur de la collection. C’est dans une lettre écrite en 1811, peu de temps avant
sa mort, qu’il attribua décidément le tableau à Raphaël : Da me scoperta, da me
attribuita a Raffaello, et le baptisa : Fornarina.

Dans l’inventaire officiel de la collection des Uffizi de 1792, le tableau n’est
mentionné ni comme étant de Raphaël, ni comme étant la Fornarina. Au contraire,
le catalogue porte cette mention: dans la Stenza dell' Ermafrodito : Busto di fem-
mina con una pelliccia, Tavola di Giorgione da Castel Franco, mention qui désigne
évidemment la soi-disant Fornarina. Il existe un témoignage encore plus précis
prouvant que jusqu’à la fin du xvme siècle le tableau fut tenu pour une œuvre de
Giorgione. Dans le catalogue français de la collection de 1807 (la galerie de
Florence, page 166), au milieu de l’énumération des œuvres d’art de la Tribune,
on trouve cette remarque jointe aux œuvres de Raphaël : « Autre portrait sur bois
en habit garni de pellisse, non achevé ; tous les catalogues (et l’inventaire de 1635)
le disent peint par Giorgione; » et le catalogue ajoute : « La date de 1512 qu’on
y lit fait naître quelques doutes ; les vrais connaisseurs remarquent que les mains
et les draperies sont éloignées du faire de Raphaël. » Il y avait donc doute dès
cette époque; et c’étaient les vrais connaisseurs qui doutaient. Ce n’est que dans les
inventaires officiels de ce siècle, et d’après Puccini, que le tableau est indiqué
certainement comme étant la Fornarina, et certainement comme étant l’œuvre de
Raphaël. En même temps, on donnait des indications inexactes sur la provenance
du tableau.

Quant à des motifs sérieux ou à des preuves historiques indiquant que le
tableau était bien de Raphaël, il n’y en avait pas trace. C’est seulement tout
récemment et, selon ce que je sais, à la suite de Mündler, que tous les biographes
 
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