CORRESPONDANCE DE BELGIQUE.
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— qui fut la porte de Hal, va occuper l’un des pavillons érigés en 1880 pour
l’Exposition nationale de l’Industrie.
Bien que pour ses antiquités, comme pour ses peintures, la Belgique n’ait été
pendant des siècles qu’un champ précieux d’exploitation pour l’étranger, elle n’en
a pas moins conservé un ensemble de productions remarquables d’une foule de
maîtres qui se sont illustrés dans l’art de travailler le bois, les métaux et la pierre,
de façonner et de décorer l’argile, etc. Le Musée des Antiquités possède des objets
de premier ordre, notamment des sculptures en bois qui jouissent d’une célébrité
universelle.
Tout cet ensemble, disposé avec art, peut produire un effet excellent dans la
grande balle qui lui est destinée et que Ton a eu l’occasion de mettre à l’épreuve
pour l’Exposition de l’art ancien en 1880. De ce côté, donc, nul mécompte n’est à
redouter.
On reproche au nouveau local d’être situé à l’écart; mais la critique se justifie
assez peu si l’on considère qu’une ligne de tramways relie directement l’ancienne
plaine des manœuvres, où va se faire encore, en 1888, une Exposition qualifiée de
concours international des sciences et de l’industrie, à la rue Royale.
Il y avait pourtant un local créé comme à souhait, bâti il y a quelques années
à peine en vue des expositions industrielles et désigné sous le nom de Palais du
Midi. Ce local est loué en partie à l’École d’industrie, et les locaux laissés vacants
par cette dernière reviennent à la Bibliothèque royale.
Si les dispositions actuelles sont maintenues, la partie des armes et armures
sera conservée à la porte de Hal, ce qui constituera alors un musée à part.
Étant donné qu’en fait d’armures les accroissements doivent être minimes, l’avan-
tage de la combinaison ne saute pas aux yeux, à moins que l’on n’ait d’abord souci
du pittoresque.
Il est très certain que les salles voûtées de la porte de Hal, avec leurs colonnes
trapues, se prêtent le mieux du monde à l’arrangement des panoplies et fournis-
sent un cadre excellent à une exposition d’armures. La considération a sa valeur,
bien qu’en définitive ce côté plus ou moins romantique de la question n’offre qu’un
intérêt secondaire pour qui se place au point de vue de l'étude des monuments du
passé.
Le travail du ciseleur et du damasquineur intéresse assurément plus, dans
l’examen d’une arme ancienne, que la finesse de sa trempe, et s’il pouvait y avoir
doute, le rapprochement même des sections serait à l’avantage de chacune d’elles.
A Vienne, par exemple, l’existence du magnifique arsenal impérial d’armes
anciennes n’a pas empêché la réunion au Belvédère inférieur des armures de la
collection d’Ambras et des trésors de tout genre empruntés à la même source,
au grand profit de l’étude et du pittoresque. Turin, Munich, Nuremberg offrent des
associations analogues.
On est en droit de déplorer que les occasions d’enrichir notre collection nationale
d antiquités soient si fréquemment perdues pour le pays. L’économie est chose
dont on saisit toute la valeur, hormis toutefois lorsqu’il s’agit de faire des musées.
Du train dont vont les choses en Belgique, il ne semble pas que les occasions
doivent beaucoup se représenter, car les collectionneurs, très nombreux il y a un
siècle, se font de plus en plus rares. Après avoir perdu la collection Onghena et
la collection Terme, voici que nous perdons la collection Fétis, un des derniers et
xxxv. — 28 période. 45
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— qui fut la porte de Hal, va occuper l’un des pavillons érigés en 1880 pour
l’Exposition nationale de l’Industrie.
Bien que pour ses antiquités, comme pour ses peintures, la Belgique n’ait été
pendant des siècles qu’un champ précieux d’exploitation pour l’étranger, elle n’en
a pas moins conservé un ensemble de productions remarquables d’une foule de
maîtres qui se sont illustrés dans l’art de travailler le bois, les métaux et la pierre,
de façonner et de décorer l’argile, etc. Le Musée des Antiquités possède des objets
de premier ordre, notamment des sculptures en bois qui jouissent d’une célébrité
universelle.
Tout cet ensemble, disposé avec art, peut produire un effet excellent dans la
grande balle qui lui est destinée et que Ton a eu l’occasion de mettre à l’épreuve
pour l’Exposition de l’art ancien en 1880. De ce côté, donc, nul mécompte n’est à
redouter.
On reproche au nouveau local d’être situé à l’écart; mais la critique se justifie
assez peu si l’on considère qu’une ligne de tramways relie directement l’ancienne
plaine des manœuvres, où va se faire encore, en 1888, une Exposition qualifiée de
concours international des sciences et de l’industrie, à la rue Royale.
Il y avait pourtant un local créé comme à souhait, bâti il y a quelques années
à peine en vue des expositions industrielles et désigné sous le nom de Palais du
Midi. Ce local est loué en partie à l’École d’industrie, et les locaux laissés vacants
par cette dernière reviennent à la Bibliothèque royale.
Si les dispositions actuelles sont maintenues, la partie des armes et armures
sera conservée à la porte de Hal, ce qui constituera alors un musée à part.
Étant donné qu’en fait d’armures les accroissements doivent être minimes, l’avan-
tage de la combinaison ne saute pas aux yeux, à moins que l’on n’ait d’abord souci
du pittoresque.
Il est très certain que les salles voûtées de la porte de Hal, avec leurs colonnes
trapues, se prêtent le mieux du monde à l’arrangement des panoplies et fournis-
sent un cadre excellent à une exposition d’armures. La considération a sa valeur,
bien qu’en définitive ce côté plus ou moins romantique de la question n’offre qu’un
intérêt secondaire pour qui se place au point de vue de l'étude des monuments du
passé.
Le travail du ciseleur et du damasquineur intéresse assurément plus, dans
l’examen d’une arme ancienne, que la finesse de sa trempe, et s’il pouvait y avoir
doute, le rapprochement même des sections serait à l’avantage de chacune d’elles.
A Vienne, par exemple, l’existence du magnifique arsenal impérial d’armes
anciennes n’a pas empêché la réunion au Belvédère inférieur des armures de la
collection d’Ambras et des trésors de tout genre empruntés à la même source,
au grand profit de l’étude et du pittoresque. Turin, Munich, Nuremberg offrent des
associations analogues.
On est en droit de déplorer que les occasions d’enrichir notre collection nationale
d antiquités soient si fréquemment perdues pour le pays. L’économie est chose
dont on saisit toute la valeur, hormis toutefois lorsqu’il s’agit de faire des musées.
Du train dont vont les choses en Belgique, il ne semble pas que les occasions
doivent beaucoup se représenter, car les collectionneurs, très nombreux il y a un
siècle, se font de plus en plus rares. Après avoir perdu la collection Onghena et
la collection Terme, voici que nous perdons la collection Fétis, un des derniers et
xxxv. — 28 période. 45