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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 5
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Molinier, Émile: Le trésor de Saint-Marc à Venise, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0410

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LE TRÉSOR DE SAINT-MARC.

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jours antiques. Le vase du Louvre provient de Port-Royal. Il y en
avait un à la cathédrale d’Angers, qui est maintenant au Musée de la
même ville; il est de porphyre et orné de deux masques en relief. Le
roi René l’avait pris au couvent de Saint-Paul de Marseille et envoyé
à Angers, où, sur ses ordres, avait été fondée une fête en son hon-
neur, la « fête de l’hydrie » L

Je passerai rapidement sur quelques pièces en albâtre, ainsi que
sur un buste de Jupiter Capitolin de petites dimensions et également
en albâtre; ce sont, là des objets d’un intérêt médiocre et que l’on
trouve dans beaucoup de musées. J’ai hâte d’arriver à des objets d’une
plus grande valeur artistique. En première ligne je mentionnerai
deux grands vases de verre en forme de seaux, très intéressants tout
deux à plus d’un titre. Je dis de verre, parce que pour l’un la chose
est certaine et que pour l’autre, bien qu’on ait prétendu qu’il était en
grenat, j’ai tout lieu de croire qu’il est tout bonnement en verre. Je
ne pense pas que l’on trouve des grenats de cette taille et d’ailleurs
chaque fois que des vases de ce genre décorés de noms de pierres plus
ou moins précieuses ont été examinés par des lapidaires, on a toujours
découvert que leurs possesseurs s’étaient fait les illusions les plus
complètes. Le Sacro Catino de Gènes, pris à Césarée en 1101, le célèbre
Saint Graal a joui aussi, en son temps, d’une réputation très usurpée
qui maintenant s’est évanouie en fumée; depuis qu’il est reconnu
qu’il est en verre, il a perdu tout son prestige.

Ce vase en forme de seau me paraît donc être de verre d’un rouge
sombre tirant sur le violet; il est muni d’une anse en demi-cercle en
argent, d’une forme très simple, dont les extrémités sont fixées par
deux boutons sur le bord du vase. Il a environ vingt-cinq centimètres
de haut; le fond est malheureusement brisé, mais la décoration n’a
pas été entamée. Celle-ci a été exécutée à la meule ; elle consiste dans
la représentation d’une bacchanale : une femme debout appuyée sur
un tyrse et vêtue d’une longue tunique, présente une coupe à un jeune
homme nu accoudé sur un fût de colonne ; près de ce personnage est
représenté un tigre qui détourne la tête vers lui. Plus loin un satyre
tenant en main une flûte de Pan exécute une danse; un autre
bacchant, portant un peclum et une sorte de tambourin, l’accompagne.
Toute cette scène, peu profondément gravée, se déroule autour de la
panse du vase, bordé à sa partie supérieure d’un double listel gravé
en creux et d’un rang de perles et d’olives. Le culot est orné d’une

1. Voy. les Comptes et mémoriaux du roi René, publiés par Lecoy de la Marche,
page 318 et passim.
 
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