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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 5
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Collignon, Maxime: La sculpture antique au British Museum, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0415

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380

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Au premier coup d’œil, on ne voit que trop à quel point les
marbres du Parthénon témoignent d’un séjour prolongé sous le ciel
de Londres. Ils ont perdu en grande partie cette noble patine dorée
dont le soleil de la Grèce les avait revêtus : c’est à peine si au fond
des plis des draperies on retrouve dans toute sa pureté ce beau ton
ocré, si chaud et si intense, qui se marie si bien au bleu limpide du
ciel de l’Attique. Mais oubliez cette première impression; regardez
longuement ces marbres noircis, mutilés par le temps et par les
bombes vénitiennes : vous les verrez s’éclairer de la plus pure
lumière, et briller de cette fraîcheur qui ne tient pas au poli du
marbre, mais à la grandeur de l’inspiration et à la magistrale
simplicité du style. On ne se lasse pas de contempler ces œuvres où
le sens exquis de la forme s’allie à la plus rare puissance. Ce n’est
pas en quelques lignes que nous pourrions caractériser le style des
figures des frontons, ni examiner quelle part revient à Phidias dans
l’exécution; nous ne l’essayerons même pas 1. Aussi bien le moulage
et la photographie ont popularisé ces marbres. Il n’est personne qui
ne connaisse l’admirable groupe dit des Parques 2, ces déesses assises
ou couchées, dont les vêtements aux plis moelleux, refouillés avec
une étonnante finesse, laissent deviner les formes robustes et souples :
corps vraiment divins, et dont la vigoureuse beauté s’épanouit avec
la grâce la plus fière. Dans la statue de dieu à demi couché du
fronton oriental, la science du nu éclate avec une telle maîtrise,
l’art est si simple et si grand, les lignes se déploient avec une telle
ampleur, que ce morceau est resté, comme le dit justement Beulé, le
dernier mot de l’art dans la sculpture du nu. Nous ne pouvons
passer sous silence une des statues du fronton oriental, qui, à notre
avis, mérite une place d’honneur dans cette série de chefs-d’œuvre :
c’est cette figure de Victoire qui s’avance, vêtue d’une robe qui
flotte au vent, et dessine, en collant sur les cuisses et sur le ventre,
le corps emporté par un élan superbe. L’art grec pourra encore,
pendant quatre siècles d’existence, tenter des voies nouvelles, épuiser
toutes les combinaisons de formes, et devenir savant jusqu’à l’excès :
les marbres du Parthénon ne trouveront pas de rivaux. Ils marquent
ce moment unique, cette courte période d’un demi-siècle, où l’art,

1. Nous ne pouvons que renvoyer le lecteur aux ouvrages spéciaux tels que :
Beulé, VAcropole d’Athènes; Michaelis, Der Parthénon, et au volume où nous avons
étudié l’œuvre de Phidias : Phidias, J. Rouam, 1886.

2. Voir la récente étude de M. de Roncliaud : Au Parthénon, dans la Petite
bibliothèque d'art et d’archéologie, Paris, E. Leroux, 1886.
 
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