LA SCULPTURE ANTIQUE AU BRITISH MUSEUM. 387
valle de onze années. C’est encore à des fouilles anglaises qu’on en
doit la découverte. Au lendemain de la publication de l’ouvrage de
M. Falkener sur le temple d’Artémis 1, un architecte anglais,
M. Wood, entreprit de demander à des explorations méthodiques la
solution des problèmes qu’avait soulevés M. Falkener. Les fouilles
durèrent de 1863 à 1874. Grâce à des subventions octroyées par les
trustées du British Muséum, et qui ne s’élevèrent pas à moins de
16,000 livres, le patient explorateur put dégager l’emplacement du
temple. Au point de vue d’une restauration complète de l’édifice, les
fouilles, il est vrai, n’ont, pas donné tous les résultats qu’on en
attendait, et il faut encore faire une large part aux hypothèses2.
On peut tout au moins juger, par les membres d’architecture qu’a
rapportés M. Wood, quel degré de richesse avait atteint l’ordre
ionique. C'est, en effet, le moment où Pytliios déploie, dans la
construction du temple d’Athéna Poliade à Priène, toutes les
ressources de l’ionique, et en démontre la supériorité dans des
traités auxquels Yitruve fait souvent allusion.
Parmi les plus heureuses trouvailles de M. Wood, il faut citer
cinq tambours de colonnes sculptés en relief, et provenant certai-
nement du temple. Un passage de Pline, souvent controversé, nous
apprenait que sur le chiffre total des colonnes, trente-six étaient
sculptées (columnae caelatae) et que l’une d’elles était l’œuvre de
Scopas 3. Cette décoration, dont on ne connaissait pas d’exemple, ne
laissait pas de paraître suspecte. La solution du problème est aujour-
d’hui fort claire. Le temple avait à chaque façade dix-neuf colonnes,
dont les tambours inférieurs étaient ornés de bas-reliefs 4. Il est
même très vraisemblable que les architectes n’avaient fait que
reproduire un système de décoration déjà employé dans l’ancien
Artémision. Les fragments de sculptures archaïques que nous
avons signalés dans notre précédent article donnent à cette hypothèse
toute l'apparence de la certitude; ils expliquent cette disposition si
peu conforme aux habitudes grecques.
Les morceaux conservés à Londres sont d’importance inégale.
Nous plaçons sous les yeux du lecteur celle des colonnes sculptées
L Edward Falkener, Ephesus and the temple of Diana, Londres, 1862.
2. Voir la restauration de l’Artémision proposée par M. Wood, dans le livre
où il a exposé les résultats de ses fouilles : Discoveries at Ephesus, Londres, 1877.
3. Pline, Natur. Hist., XXXVI, 14, 93.
4. Ils figurent sur une médaille du temps d’Hadrien, représentant le temple
d’Éphèse : Wood, ouvr. cité, p. 268.
valle de onze années. C’est encore à des fouilles anglaises qu’on en
doit la découverte. Au lendemain de la publication de l’ouvrage de
M. Falkener sur le temple d’Artémis 1, un architecte anglais,
M. Wood, entreprit de demander à des explorations méthodiques la
solution des problèmes qu’avait soulevés M. Falkener. Les fouilles
durèrent de 1863 à 1874. Grâce à des subventions octroyées par les
trustées du British Muséum, et qui ne s’élevèrent pas à moins de
16,000 livres, le patient explorateur put dégager l’emplacement du
temple. Au point de vue d’une restauration complète de l’édifice, les
fouilles, il est vrai, n’ont, pas donné tous les résultats qu’on en
attendait, et il faut encore faire une large part aux hypothèses2.
On peut tout au moins juger, par les membres d’architecture qu’a
rapportés M. Wood, quel degré de richesse avait atteint l’ordre
ionique. C'est, en effet, le moment où Pytliios déploie, dans la
construction du temple d’Athéna Poliade à Priène, toutes les
ressources de l’ionique, et en démontre la supériorité dans des
traités auxquels Yitruve fait souvent allusion.
Parmi les plus heureuses trouvailles de M. Wood, il faut citer
cinq tambours de colonnes sculptés en relief, et provenant certai-
nement du temple. Un passage de Pline, souvent controversé, nous
apprenait que sur le chiffre total des colonnes, trente-six étaient
sculptées (columnae caelatae) et que l’une d’elles était l’œuvre de
Scopas 3. Cette décoration, dont on ne connaissait pas d’exemple, ne
laissait pas de paraître suspecte. La solution du problème est aujour-
d’hui fort claire. Le temple avait à chaque façade dix-neuf colonnes,
dont les tambours inférieurs étaient ornés de bas-reliefs 4. Il est
même très vraisemblable que les architectes n’avaient fait que
reproduire un système de décoration déjà employé dans l’ancien
Artémision. Les fragments de sculptures archaïques que nous
avons signalés dans notre précédent article donnent à cette hypothèse
toute l'apparence de la certitude; ils expliquent cette disposition si
peu conforme aux habitudes grecques.
Les morceaux conservés à Londres sont d’importance inégale.
Nous plaçons sous les yeux du lecteur celle des colonnes sculptées
L Edward Falkener, Ephesus and the temple of Diana, Londres, 1862.
2. Voir la restauration de l’Artémision proposée par M. Wood, dans le livre
où il a exposé les résultats de ses fouilles : Discoveries at Ephesus, Londres, 1877.
3. Pline, Natur. Hist., XXXVI, 14, 93.
4. Ils figurent sur une médaille du temps d’Hadrien, représentant le temple
d’Éphèse : Wood, ouvr. cité, p. 268.