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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 5
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Bode, Wilhelm von: La Renaissance au Musée de Berlin, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0460

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424

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

faut faire remonter son exécution. En tout cas nous avons là la
première œuvre connue de Rogiervan der AVeyden. Ici, il ne saurait
être question d’une influence immédiate de Jean ou de Hubert van
Eyck. Rogier nous montre plutôt dans la précision des contours et
du coloris et dans le fini des moindres détails les caractères du
peintre miniaturiste dont il a également la sécheresse et la timidité
de conception et de facture, et ces caractères sont surtout frappants
dans l’œuvre de jeunesse que nous avons devant nous; le sérieux
profond du sentiment, notamment dans le Jésus pleuré par la Vierge,
si saisissant mais si âpre, contraste avec le coloris glacé et le manque
de clair-obscur qui font que les figures semblent des statues coloriées.
Cette particularité a amené à prendre ces œuvres de Rogier pour
des copies modernes, opinion qu’un examen plus attentif de leur
exécution rend absolument insoutenable. Et de fait, on trouverait
difficilement un second tableau d’une conservation aussi parfaite que
celui dont nous venons de parler.

Un autre triptyque de Rogier van der AVeyden, avec scènes de la
vie de saint Jean-Baptiste, acquis en 1850 à la vente de la galerie du
roi de Hollande, accuse un progrès notable au point de vue pictural,
progrès que l’artiste doit évidemment à la connaissance qu’il fit des
œuvres des Van Eyck. Les couleurs sont plus harmonieuses, plus
solides et ont plus de fondu et de valeur, les finesses de la lumière
sont observées ; les petites scènes en grisaille (dans le genre de celles
du tableau d’autel de Miraflores) que l’artiste a peintes dans le cadre
gothique comme en relief sur un portail de cathédrale sont subor-
données de ton et ébauchées, ainsi que des figures accessoires, dans
une manière toute légère et spirituelle. Ce triptyque constitue
vraiment une œuvre d’un charme particulier, et ce dut être aussi
l’avis des contemporains du maître, car nous possédons une répétition
du triptyque tout entier, répétition un peu postérieure et, selon moi,
de la même main que l’original. Elle se trouve actuellement à
l’Institut Stædel, à Francfort. Pour la Naissance de saint Jean-
Baptiste, le peintre nous montre la « chambre d’accouchée » d’une
noble dame flamande du temps; de même, la Décollation de Jean et
d’autres scènes se passent à la cour d’un prince flamand; cela n’ôte
rien à la naïveté et au sérieux de la conception : au contraire, l’œuvre
gagne une saveur particulière à cette représentation sincère de la
vie de son temps.

Le troisième triptyque de Rogier van der AVeyden est le plus
considérable. II appartient aux dernières années de l’artiste. II fut
 
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