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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Le maître aux banderoles
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0484

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LE MAITRE AUX BANDEROLES.

447

Nous nous trompons fort, ou le nouveau travail de M. Lehrs empêchera pour
l'avenir les tentatives de cette espèce, et c’est à juste titre que l’auteur y inscrit
comme épigraphe l’observation de M. Alvin, un vétéran de l’iconographie : que l’ar-
chaïsme et la maladresse sont choses distinctes et qu’il faut se garder de confondre.

« Graveur opiniâtre, un de ces artistes qui s’attachent aux difficultés d’un art,
même alors qu’ils ne sont point doués des facultés par lesquelles on les surmonte,
et qui contribuent à ses progrès sans y gagner la moindre gloire, » le Maître
aux banderoles avait trouvé déjà en Renouvier un critique des plus sagaces. Tout
en le jugeant dans un nombre restreint de productions, l’éminent iconographe
semblait frappé de l’incohérence de ces œuvres.

Rien de plus frappant, sous ce rapport, que cette seconde planche des armoiries
de Bourgogne dont il vient d’être question, dans laquelle M. Lehrs voit, sans
consteste possible, la main du « Maître de 1464 » et dont l’ensemble décoratif,
assurément fort remarquable, se mêle à une exécution tellement lâchée que des
détails essentiels y seraient incompréhensibles sans le secours de l’œuvre type.

Malheureusement, les sources d’une démonstration de cette espèce ne se rencon-
trent que de loin en loin. Non seulement elles appartiennent aux plus hautes raretés
iconographiques, mais encore elles sont très dispersées. — Comme, avec cela, elles
sont immobilisées, pour la plupart, dans les collections publiques, le rapproche-
ment en est rendu pour ainsi dire impossible. Les bonnes photographies actuelles
feront disparaître en partie ces inconvénients, et il faut saluer avec joie la
constitution de la Société chalcographique internationale, laquelle a pour pro-
gramme de nous fournir la reproduction des principaux incunables delà gravure.

Le service rendu par M. Lehrs en est plus évident, car son livre donne une
signification précise à un groupe considérable de pièces qu’il y aurait un inconvé-
nient sérieux à vulgariser sans l'avis restrictif fourni par ce travail. Très envahis-
sant, le Maître aux banderoles a touché à tous les genres. Sans arriver dans aucun à
être supérieur, il emprunte à l’indécision de ses contours, comme à la disposition
des ensembles et au choix des sujets, la captivante apparence qui, sachons en con-
venir, est pour une bonne part dans l'intérêt que nous inspirent les choses du passé.

Au surplus, l’éducation de l'iconophile doit lui permettre de se soustraire à ces
méprises, pour faire la part des défectuosités de forme, en faveur d’une supériorité
d’intention qui, parfois, est la personnalité même d’un artiste. Chez le Maître aux
banderoles, toutefois, l’absence de délicatesse native constitue une note vraiment
caractéristique et, sous ce rapport, il peut se comparer le mieux à Israël de
Meckenen, dont un nombre de planches, chères et recherchées encore à titre de
curiosité, ne font que reproduire, en les dépouillant de tout leur charme, les
œuvres de Martin Schôngauer.

Les plagiats de ce genre, — M. Lehrs le démontre pièces en mains, — constituent,
d’une manière en quelque sorte exclusive, tout le bagage du Maître aux banderoles.

Récemment, encore, M. le Dr Lippmann a fait connaître par la voie de l’Annuaire
des Musées de Berlin, une planche italienne du xve siècle, qui, depuis, a pris place
dans la première livraison de la Société chalcographique, en regard de sa repro-
duction par le Maître aux banderoles. M. Lehrs, de son côté, a été découvrir ce
dernier, dans la planche des armoiries de Bourgogne, s’attaquant à un Flamand
encore indéterminé, et l’a retrouvé, ensuite, dans un Crucifiement, copiant le
Maître du Saint Erasme que, certainement, il faut ranger parmi les représentants
les plus anciens de la gravure en métal.

Toutefois, si la persévérante étude que nous venons de résumer aboutit à faire
déchoir le maître de 1464 du rang qui lui était assigné jusqu’à ce jour, ses planches
conservent une place importante parmi les curiosités iconographiques. Rarissimes,
elles sont également fort anciennes, puisque M. Lehrs lui-même est amené à croire
 
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