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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 6
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Gruyer, François-Anatole: Léonard de Vinci au Musée du Louvre, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0495

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454

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les fleuves1, que de peindre des tableaux. Son temps se passait en
inventions de machines de toutes sortes : pompes, leviers, vis,
cabestans, etc., qu’il dessinait sans cesse, et l’on s’occupait de lui
beaucoup plus comme ingénieur et comme savant que comme artiste.
Que n’imagina-t-il pas, dès cette époque, pour la canalisation de
l’Arno? 11 semblait ne considérer la peinture que comme le délasse-
ment de sa vie, et elle ne fut jamais entre ses mains ni un moyen de
propagande ni un instrument de combat. Léonard est un dilettante
incomparable, sans autre passion que celle du beau, sans autre délire
que celui de la perfection. "Voluptueux dans les hautes sphères de
l’esprit, insatiable dans sa curiosité, sans ostentation de visées pro-
fondes, il est le plus novateur et le plus personnel des artistes de
son temps. Ses coups d’essai n’ont-ils pas été des coups de maître?
Il n’était guère âgé que de seize ans (1468) quand le Verrocchio, son
maître, lui confia l’exécution d’un ange dans le tableau du Baptême
du Christ, et cet ange est d’une beauté telle, qu’à côté de lui les
autres figures du tableau semblent rébarbatives. Tel fut son premier
pas dans la voie du grand art. Ce serait fort jeune aussi, et quand il
était encore dans l’atelier du Verrocchio, qu’il aurait peint la petite
Annonciation que possède le Musée du Louvre. Attribuée jusqu’ici à
Lorenzo diCredi, elle est donnée maintenant à Léonard par quelques
savants dont l’autorité est considérable, et les raisons alléguées en
faveur de cette attribution semblent assez fortes pour servir de
preuves. On aurait donc là une œuvre de début qui, par une attraction
mystérieuse, serait venue rejoindre les œuvres magistrales de Léonard,
d’où rayonnent de si vives clartés dans notre galerie nationale2. De
ces points de départ à Y Adoration des Mages, qui est le point d’arrivée
de Léonard, dorant cette première étape à Florence, et qui malheu-
reusement est restée à l’état d’ébauche, quelle distance rapidement
parcourue ! Quelle prise de possession d’un domaine, dès lors souve-
rainement conquis3. Cette conquête, cependant, lui était fort disputée.

1. Il se faisait fort de percer les montagnes, « ut de valle in vallis iter esset » .
dit Sandrart, et il était à la veille de proposer à Louis le More le blindage des na-
vires, « et navili che faranno resistentia al trarre de omni grossissima bombarda ».

2. Nos catalogues mettent ce tableau au compte de Lorenzo di Credi (n° 158 de la
Peinture italienne); il pourrait bien y avoir là matière à rectification.

3. h’Adoration des Mages, dans laquelle Léonard montre à nu sa manière de
peindre, est à la Galerie des Offices à Florence. Les biographes prétendent que
c’est là l’ébauche du tableau d’autel commandé à Léonard, au mois de mars 1481,
pour l’église de San-Donato, à Scopeto (Richter, Leonardo, p. 10). Ils ajoutent que
cette œuvre resta inachevée en 1483 (Crowe et Cavalcaselle) et que, après quinze
 
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