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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 6
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Gruyer, François-Anatole: Léonard de Vinci au Musée du Louvre, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0499

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458

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ambitions. Louis le More, qui avait appelé Charles VIII à la conquête
de Naples en 1494, fut chassé de Milan par Louis XII en 1499, et
emmené en France, où il mourut après dix ans de captivité. Quant à
la statue équestre si laborieusement exécutée par Léonard, elle devint
la cible des arbalétriers gascons, et bientôt, de ce rare chef-d’œuvre,
il ne resta plus que de la poussière. Quelle fut l’époque précise de la
consommation de cette ruine? On ne sait au juste. Ce fut certainement
après le 19 septembre 1501. Car, à cette date, le duc de Ferrare,
flercule Ier d’Este, écrit à Jean Aralla, son résident à Milan, d’aller
« trouver incontinent le très illustre cardinal de Rouen », pour le
prier « de lui faire donner ce modèle (de statue équestre) », pen-
sant qu’on a « peu de souci de cet ouvrage, ... qui se délabre tous
les jours parce qu’on n’en prend pas soin... 1 ». Hercule d’Este vou-
lait fondre en bronze le cheval de Léonard, pour y asseoir sa propre
statue à la place de celle de François Sforza. Sa requête fut
repoussée... Quand Louis le More eût été chassé de Milan, Léonard,
pui avait été son courtisan, écrivit, pour panégyrique, sur la couver-
ture d’un de ses manuscrits : « Le duc perdit l’Etat, la fortune et la
liberté; il n’a rien terminé de ce qu’il avait entrepris. » C’est sec.
Mais que de déchirements alors au cœur de l’artiste ! Il avait vu de
ses yeux détruire sa statue équestre de François Sforza, ravager les
peintures qu’il avait faites dans le palais ducal et démolir le palais Ga-
léas San-Severino qu’il avait construit2. En présence d’un tel écrou-
lement de lui-même, était-il tenu à une grande pitié pour le désastre
des autres?

Après le long séjour qu’il avait fait à Milan, après les dix-huit
ou vingt ans durant lesquels il s’était pour ainsi dire naturalisé
Lombard, Léonard redevint Florentin 3. Il retrouvait singulièrement

1. Cette lettre a été publiée par M. Giuseppe Campori, dans la Gazette des Beaux-
Arts, première période, tome XX, p. 42. — On a de nombreux documents, de la
main même de Léonard, relativement à la statue équestre de François Sforza.
M. Richter en a trouvé un grand nombre. Voir aussi le savant travail que M. Louis
Courajoda publié sur le même sujet.

2. On ne peut guère faire qu’une supposition à l’égard de ce palais. On ne
connaît avec certitude aucun des monuments dont Léonard aurait fourni les dessins.
Que Léonard ait été architecte et grand architecte, cela, cependant, n’est pas
douteux, car il fut tout dans le domaine des sciences et des arts. Son intimité avec
Bramante, à côté duquel il vécut à Milan durant huit ans et avec lequel il parta-
gea le titre d'Ingénieur et peintre ducal, peut servir de preuve à cet égard. (Sur
Léonard, architecte, voir le savant commentaire ajouté par M. de Geymüller h
l’ouvrage de M. J.-P. Richter).

3. Quand les Français firent irruption dans le Milanais en 1499, il se réfugia
 
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