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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 6
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Coubertin, Charles Louis Fredy de: Mademoiselle de Fauveau
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0558

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514

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

idée, protestant qu’elle n’était pas née pour cet état et qu’elle était
trop honnête pour accepter de l’affection d’un homme ce qu’elle
n’était pas capable de lui rendre. Son éloignement pour l’état reli-
gieux étant tout aussi vif, Mme de Fauveau vit dans les dispositions
de sa fille pour les arts un moyen d’occuper son imagination, de lui
créer une vie suivant ses goûts, et elle l'encouragea dans cette voie,
d’autant plus que, douée d’un sens artistique éminent, elle commençait
à peindre le pastel et à modeler quelques cires qui avaient attiré
l’attention. Après la mort de M. de Fauveau, qui avait mangé ou
perdu une partie de sa fortune, on était venu à Paris se loger rue
de La Rochefoucault. Félicie y avait un atelier qui donnait sur un
jardin où venaient souvent le soir, réunis en causeries artistiques,
Paul Delaroche, un de ses plus intimes alors, Ary Scheffer, Ingres,
Amédée Thierry, etc. Son talent original, son instruction, son
esprit investigateur, tout intéressait dans la jeune fille qui venait
d’avoir un succès très réel en exécutant la Françoise de Rinuni que
M. de Pourtalès acheta et qui resta dans sa galerie jusqu’à ces
derniers temps. Ce fut là un grand acte de hère indépendance.
Quoique n’ayant pas à cette époque besoin de cet argent, Félicie avait
compris qu’elle ne serait prise au sérieux que le jour où ses œuvres
auraient une valeur de vente. Ce pas hardi parut monstrueux autour
d’elle. Son grand-oncle, M. Fauveau de Frenilly, alors pair de
France et dont la fille fut la mère de M. de Pimodan, la victime de
Castel-Fidardo, fut épouvanté de cette excentricité et traita sa nièce
de folle; mais ce qu’elle voulait, elle le voulait bien et rien ne la fit
fléchir. Elle s’empressa même d’accepter la commande d’une lampe
moyen âge que lui demandait encore M. de Pourtalès. Ne semblait-il
pas, comme elle disait plus tard, que Dieu, qui lui réservait de rudes
épreuves, lui mettait dans les mains le moyen d’en triompher? Ce
temps fut pour elle une époque de grand développement. Elle lisait,
copiait à la Bibliothèque, calquait de vieux missels, fouillait de plus
en plus dans ce moyen âge vers lequel elle se sentait attirée... rendant
même à Paul Delaroche, son maître et son ami, le grand service de
l’initier à ses découvertes, et de lui faire apprécier une époque alors
fort inconnue et peu à la mode. Aussi Delaroche refusait-il de lui
donner des leçons, à peine des conseils, lui disant toujours : « Allez,
faites, on ne peut vous faire aucun bien si vous ne restez pas dans
votre nature. » Et Ingres ayant voulu qu’elle copiât et recopiât la
frise de Phidias, au bout de deux jours elle y renonça et revint à
son moyen âge. A cette époque tout lui souriait; parente de Mme Du
 
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