Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Coubertin, Charles Louis Fredy de: Mademoiselle de Fauveau
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0563

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
MADEMOISELLE DE FAUVEAU.

519

plus de vingt-cinq ans, notre artiste, exilée volontaire, vit passer les
célébrités de tous genres qui rendaient une visite à la ville des grands-
ducs; car le Studio Fauveau figurait dans les guides parmi les choses
à voir. — Sans doute, il y avait souvent des importuns- qu’il fallait
éconduire; il y avait souvent du temps perdu avec les nullités et les
badauds; — mais aussi, Mllede Fauveau restait par cette large hospi-
talité en relation perpétuelle avec ce qu’il y avait de vivant dans le
monde littéraire et artistique. Elle quittait son travail sans se
plaindre ; avec joie si c’était un Français qui la venait voir, et faisait
les honneurs de son atelier avec la simplicité et la modestie d’un
débutant. Certes, aucun de ceux qu’elle recevait ainsi n’a pu oublier
cette figure fine et intelligente, qui unissait dans un charme étrange
l’énergie virile à la grâce d’une femme. Toujours vêtue d’une robe de
drap sombre, les cheveux coupés courts aux enfants d’Edouard
(coiffure des chouans qu’elle avait adoptée dans sa campagne ven-
déenne et qu’elle avait fait vœu de garder) ; sur la tête une double
calotte noire à la Louis XI ; elle venait à son hôte avec ce bienveillant
sourire qui le mettait de suite à l’aise. Elle avait le regard caressant,
la voix douce et sympathique, ce qui corrigeait d’une manière origi-
nale ce qu’il y avait de heurté et de viril dans sa démarche. Sa
conversation était pleine de charme; ayant beaucoup vu et étudié,
elle savait beaucoup, et comme sa mémoire était fidèle et qu’elle
racontait bien, on l’écoutait avec profit et plaisir. Elle se donnait de
la peine pour plaire; mais surtout avec ceux qui comprenaient le
langage de l’art et appréciaient ses chers maîtres florentins; pour
ceux-là elle ouvrait avec largesse les trésors de son érudition et ne
ménageait ni sa peine ni son temps pour leur faire partager son
enthousiasme.

L’œuvre de Félicie de Fauveau est considérable. Ce n’est ici ni le
lieu, ni le moment d’en faire l’énumération, et d’ailleurs la France
est à peu près vide de ses ouvrages. L’Italie, la Russie et surtout
l’Angleterre sont les pays pour lesquels elle a le plus travaillé, et la
variété de ses créations est un des côtés curieux de son talent. Tom-
beaux, bustes, médaillons, bijoux, nielles, armes, elle a fait de tout
et en toutes matières : —• le marbre, le bois, le bronze, le fer, l’acier
tout dans ses doigts habiles s’assouplissait à sa volonté. Elle avait
une entente parfaite, parfois un peu excentrique, de la décoration, et
dessinait avec une fermeté et une précision merveilleuses les plus
minces détails de ses compositions. — Les circonstances qui l’ont
amenée à Florence, sa véritable patrie, ont influé sur la direction de
 
Annotationen