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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 38.1888

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Nr. 1
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Champier, Victor: M. P.-V. Galland et l'enseignement de l'art décoratif, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24192#0018

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

] 2
fastueux de pilastres qui se développent entre les étages supérieurs
de nos maisons, et qui reposent... sur des boutiques * ! »
Voilà pour l'œuvre de l'architecte. Et comment s'étonner si la
maison, étant construite de la sorte, la décoration intérieure des
peintres et des sculpteurs s'en ressente? Ceux-ci non plus n'ont guère
d'autre souci, dans cette orchestration cacophonique, que de jouer
leur partie le plus bruyamment possible, sans accord entre eux, et
croyant faire merveille s'ils accaparent l'attention au détriment du
voisin. Nulle préoccupation, d'ailleurs, de l'ensemble; une indiffé-
rence absolue pour la concordance de leur œuvre, au point de vue de
la tonalité, et même parfois, au point de vue des proportions, avec
l'emplacement qui lui est assigné. En 1859, Beulé écrivait avec
raison : <x Aujourd'hui presque tous les artistes, lorsqu'on leur
demande un plafond, se contentent de peindre chez eux un tableau
de la grandeur voulue. L'acquéreur sera libre de le placer où il lui
plaira, droit ou renversé. Il est vrai qu'il peut le décrocher plus tard,
et le remettre dans sa position naturelle. )> On peut en dire autant
des sculpteurs d'à présent qui ne semblent pas davantage se douter
que la qualité dominante de leur art, dans ses applications à l'archi-
tecture, c'est une intime liaison avec les formes de cette architecture,
et sa participation à ces formes. Eux aussi ont oublié les principes
essentiels de leurs devanciers du moyen âge, qu'on pourrait résumer
de la façon suivante : 1° Toute composition enserrée dans un enca-
drement bien défini, dans des tympans, dans des panneaux, dans
des frises, doit céder le pas au contour qui est la ligne maîtresse et
marque les divisions principales de l'édifice ; 2° tout motif de sculp-
ture qui, au lieu d'être circonscrit par un entourage ferme, rigide,
se profile sur un fond, sur un vide, sur le ciel, doit présenter une
silhouette caractéristique, conforme au style du monument, que ce
soit un haut relief, une statue ou un groupe, et avoir un parti pris
de fermeté, d'opposition, de vérité. L'importance de ces deux lois
décoratives, on la comprend aisément quand on regarde les portes
richement illustrées de nos belles cathédrales, dont les linteaux, les
tympans, les jambages, les voussoirs de décharge sont si nettement
accusés par les dispositions ornementales que chaque figure est un
morceau de pierre dont la fonction est utile et définie. Que loin de
cette discipline, sont aujourd'hui nos sculpteurs dont les œuvres
destinées aux monuments sont faites comme pour un musée! Combien

t. YioUct-le-Duc, ÆùÙTùAig p. 2H.
 
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