Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2. Pér. 38.1888)

CLAUDE MELLAN


IV.
Es portraits de LLreisc et de Gbs-
seHéh sont des chefs-d'œuvre aux-
quels on aime à revenir. Bien qu'ils
soient encore de la période romaine,
ils appartiennent, comme style
et comme exécution, à la grande
manière de l'artiste; ils donnent la
mesure de ce que nous pouvons
attendre désormais d'une main si
exercée. Mellan y a mis toute sa
science, et je puis dire aussi tout
son cœur. L'instinct physionomique y éclate avec une autorité in-
comparable ; on y sent vibrer avec une aisance exquise ce sens subtil
de la vie qui est l'essence même de son génie.
Les contre-tailles ont entièrement disparu. Le cuivre est attaqué
avec une maîtrise sans précédents ; les traits de burin semblent
couler, en leurs lignes grasses, sinueuses et tranquilles, comme les
traits flexibles d'une plume chargée d'encre, s'amincissant et s'es-
paçant dans les lumières, se rendant et se rapprochant dans les
ombres, avec une liberté, une souplesse qui tiennent du miracle.
1. Voy. GaxeiMe 2° période, !. XXXH, p.453.
XXXVIII. — 2" PÉRIODE. 23