Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2. Pér. 38.1888)

CORRESPONDANCE DE BARCELONE

L'EXPOSITION INTERNATIONALE

î l'on ne devait s'occuper que des choses d'art, à
l'Exposition de Barcelone, il ne vaudrait guère
la peine d'y aller ni surtout de prendre des
notes; le peu qu'il y a est vu et jugé en quelques
minutes. Cependant, l'Espagne ne manque ni
de bons peintres ni de sculpteurs; dans les arts
décoratifs les ouvriers de talent ne lui font pas
défaut; enfin elle possède, elle aussi, des ar-
chéologues distingués et des collectionneurs qui
ont su mettre la main sur d'importants ves-
tiges de son passé si riche. H semble que tous
ces éléments réunis auraient dû lui permettre
de faire, dans la plus brillante de ses cités, une
exhibition importante de l'art et de l'industrie espagnols, passé et présent. Nous
regrettons d'avoir à le dire, l'essai qui vient d'en être tenté a trompé toutes nos
espérances : l'Exposition est, à ce point de vue, manquée ou peu s'en faut.
Hâtons-nous d'ajouter qu'il y avait encore beaucoup à faire dans les galeries
de l'Exposition, au moment de notre visite; peut-être les choses ont-elles changé
d'aspect, depuis que toutes les salles sont ouvertes.
Barcelone, on le sait, est une ville magnifique et charmante : ce sera un jour
une des plus vastes agglomérations d'hommes qu'il y ait en Europe; admirable-
ment située, libre dans les entournures, nulle digue ne s'oppose à ses agrandisse-
ments : elle en profite pour s'étendre à l'infini, d'un côté en vastes espaces qu'en-
vahit l'Industrie, de l'autre en quarliers neufs somptueusement bâtis et bordés de
quadruples rangées d'arbres. Elle s'est fixé comme limite deux rivières qui descendent
parallèlement vers la mer; des rues detreixe kilomètres iront del'uneà l'autre. Au
train dont marche la bâtisse, on peut prévoir à bref délai la conclusion de cette
gigantesque entreprise : certaines voies ont déjà de G à 7 kilomètres, et tous les
ans on les voit étendre au loin leurs bras de pierre vers le but convoité. Au point
de vue de l'hygiène et du confortable, les nouvelles constructions sont parfaite-
ment entendues : elles consistent en carrés de briques revêtues de stucs ornés,
largement ouverts sur deux rues et encadrant un jardin. De-ci et de-là apparais-
sent de jolis hôtels construits dans le goût de la Renaissance, française ou italienne;