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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 38.1888

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Michel, Émile: Le mouvement de la critique et des musées en Hollande
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https://doi.org/10.11588/diglit.24192#0077

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C8

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

entré en relations, Les détails qu'il nous donne sur les nombreuses collections
qu'il a pu voir à Leyde en 1622 ou en 1628 sont particulièrement intéressants et
nous font connaître les divers peintres dont Rembrandt avait pu voir des ouvrages
choisis dans sa ville natale, pendant sa jeunesse. Une simple et courte mention
consignée par Buchel sur son journal lors d'un séjour fait à Leyde, probablement
en 1628, vise en ces termes, le maître lui-méme : « Le fils d'un meunier de cette
ville qui, bien que très jeune encore, est déjà très apprécié L ><
Ces indications et celles que nous trouvons çà et là semées dans le La'nrc
de Van Mander nous montrent à quel point les oeuvres d'art étaient déjà
recherchées en Hollande à la hn du xv" siècle et dans les premières années du
xvia. Avec le temps, le goût pour la peinture y devenait de plus en plus répandu,
surtout à Amsterdam. Dans les inventaires de maisons bourgeoises de moyenne
importance il n'est pas rare de compter jusqu'à 100 et 200 tableaux. Ces inventaires
sont pour nous très précieux car, outre la désignation des œuvres, ils contiennent
les prix d'évaluation, prix généralement assez peu élevés et qui ne répondent pas
toujours à notre opinion sur le mérite relatif de ces œuvres et de leurs auteurs
Les estimations étaient généralement faites par des artistes et nous voyons
parfois les plus célèbres d'entre eux intervenir comme experts, pour taxer les
tableaux faisant partie de loteries, de ventes ou d'héritages.
Les peintures italiennes, souvent rapportées par des artistes hollandais qui
avaient séjourné au delà des monts, commençaient elles-mêmes à affluer en
Hollande où elles faisaient l'objet d'un trafic assez considérable. Mais comme pour
elles les connaisseurs étaient assez rares, les marchands peu scrupuleux avaient
beau jeu dans leurs attributions. Aussi pour les apprécier avait-on recours à
ceux des artistes hollandais qui, ayant séjourné en Italie, pouvaient mieux décider
de leur valeur. C'est ainsi que nous voyons, en -1619, Lastman, le maître de
Rembrandt, appelé avec Adrien van Nieulandt pour certifier l'authenticilë d'un
Gbwh/hwgnf & MhH dont Tatlribution à Michel Ange de Caravage était
contestée. Une autre fois, c'est R. van der Helst et Rembrandt lui-même qui avec
deux de ses élèves et d'autres de leurs confrères doivent se prononcer sur un
tableau donné comme étant de Paul Bril. Plus tard, les peintures italiennes ne
jouissant plus de la même vogue, les marchands qui en possédaient avaient
quelque peine à s'en défaire. M. Brcdius raconte les longs débats auxquels don-
nèrent lieu des tableaux italiens que Gerrit van Uylenburgb (un petit-cousin de
Saskia, la femme de Rembrandt) avait voulu vendre à l'électeur de Brandebourg
en 1671 et qui, baptisés par lui des noms les plus fameux, furent, à leur arrivée
à Berlin, déclarés de « véritables croûtes '> par le peintre de l'électeur, H. van
Fromantiou. Uylenburgh eut beau réclamer, provoquer des contre-expertises, son
envoi lui fut réexpédié et il dut chercher à s'en débarrasser de son mieux en
Hollande. Ce marchand assez peu scrupuleux était déjà, paraît-il, fort habile à
jouer de la publicité et il s'était fait rédiger des réclames en vers par deux poètes
1. Malheureusement le latin dont se sert Van Buchel n'est pas toujours très correct
et sa signification reste parfois un peu énigmatique, notamment dans le passage que
nous citons ici : <( Motitoris etiam Leidensis fiiius, rnagni fit, sed ante tempus, » et
dont la fin se prête difficilement à une traduction exacte. Le texte, en effet, pourrait
également signifier que le jeune artiste K abordait un peu prématurément les grandes
compositions B.
 
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