DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Michel, Émile: Le mouvement de la critique et des musées en Hollande
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LE MOUVEMENT DE LA CRITIQUE EN HOLLANDE. 71
nombreux achats de toute sorte. C'est, dès le commencement de son séjour â
Amsterdam, un collectionneur connu dans le monde de la curiosité. Avec une
imprévoyance qu'il devait cruellement expier plus tard, il prend des engagements
au-dessus de ses ressources et emprunte de tous côtés. Quand il achète en 1639 sa
maison de la Dreestraat, après avoir versé un acompte, il néglige plus tard de
payer les intérêts échus; le chiffre de ses dettes va toujours montant et les billets
souscrits par lui tombant alors entre les mains de créanciers plus exigeants, il est
bientôt entièrement à leur merci, réduit à la misère la plus noire. Enfin, des actes
nouvellement publiés viennent confirmer ce que nous savions des engagements
contractés entre Titus, le fils de Rembrandt, et Ilendrickje Stoffels, la fidèle
compagne des dernières années de sa vie, pour assurer l'existence précaire de ce
prodigue qu'on nous avait autrefois dépeint comme un avare et de ce prétendu
thésauriseur qui à sa mort ne laissait pas un sou vaillant dans son pauvre atelier.
Ce court aperçu est bien insuffisant pour donner idée des travaux récents
publiés en Hollande sur l'histoire de l'art et de l'importance des ressources nou-
velles mises ainsi à la disposition de la critique. Peu à peu, à l'aide de tous ces
éléments épars, les aspects divers et les périodes successives de cette histoire se
dégagent plus nettement, avec un caractère de précision plus rigoureuse. S'il y
pourrait encore regretter bien des lacunes, Bürger n'aurait plus, du moins, à se
plaindre de la pénurie des documents. Il serait plus juste de dire que, là comme
partout, leur nombre complique singulièrement aujourd'hui la tâche de l'historien
et rend plus difficile leur mise en œuvre, plus rares aussi ces vues d'ensemble et
ces vastes perspectives qu'on est en droit d'exiger de lui. Une connaissance super-
ficielle des choses permettait autrefois de les multiplier. Il est plus malaisé d'y
revenir avec cet amas d'informations et de faits indiscutables dans l'appréciation
desquels le goût et le sens de la mesure doivent évidemment intervenir, mais
dont il nous faut désormais tenir compte et sans lesquels d'ailleurs on ne parvien-
drait jamais à rendre la vivante physionomie de cette École hollandaise qui avec
les années nous découvre toujours mieux sa richesse et son originalité.
ÉMILE MICHEL.
nombreux achats de toute sorte. C'est, dès le commencement de son séjour â
Amsterdam, un collectionneur connu dans le monde de la curiosité. Avec une
imprévoyance qu'il devait cruellement expier plus tard, il prend des engagements
au-dessus de ses ressources et emprunte de tous côtés. Quand il achète en 1639 sa
maison de la Dreestraat, après avoir versé un acompte, il néglige plus tard de
payer les intérêts échus; le chiffre de ses dettes va toujours montant et les billets
souscrits par lui tombant alors entre les mains de créanciers plus exigeants, il est
bientôt entièrement à leur merci, réduit à la misère la plus noire. Enfin, des actes
nouvellement publiés viennent confirmer ce que nous savions des engagements
contractés entre Titus, le fils de Rembrandt, et Ilendrickje Stoffels, la fidèle
compagne des dernières années de sa vie, pour assurer l'existence précaire de ce
prodigue qu'on nous avait autrefois dépeint comme un avare et de ce prétendu
thésauriseur qui à sa mort ne laissait pas un sou vaillant dans son pauvre atelier.
Ce court aperçu est bien insuffisant pour donner idée des travaux récents
publiés en Hollande sur l'histoire de l'art et de l'importance des ressources nou-
velles mises ainsi à la disposition de la critique. Peu à peu, à l'aide de tous ces
éléments épars, les aspects divers et les périodes successives de cette histoire se
dégagent plus nettement, avec un caractère de précision plus rigoureuse. S'il y
pourrait encore regretter bien des lacunes, Bürger n'aurait plus, du moins, à se
plaindre de la pénurie des documents. Il serait plus juste de dire que, là comme
partout, leur nombre complique singulièrement aujourd'hui la tâche de l'historien
et rend plus difficile leur mise en œuvre, plus rares aussi ces vues d'ensemble et
ces vastes perspectives qu'on est en droit d'exiger de lui. Une connaissance super-
ficielle des choses permettait autrefois de les multiplier. Il est plus malaisé d'y
revenir avec cet amas d'informations et de faits indiscutables dans l'appréciation
desquels le goût et le sens de la mesure doivent évidemment intervenir, mais
dont il nous faut désormais tenir compte et sans lesquels d'ailleurs on ne parvien-
drait jamais à rendre la vivante physionomie de cette École hollandaise qui avec
les années nous découvre toujours mieux sa richesse et son originalité.
ÉMILE MICHEL.