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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
ce n'en est pas moins une collection très riche, très variée où ne manquent pas ies
spécimens remarquables. On a eu ie courage à Berlin de chercher à adapter le
procédé de chaque reproduction au caractère de chaque œuvre, de ne pas s'en
tenir exclusivement à la photographie si parfaite qu'elle soit, mais de mettre en
réquisition tout l'arsenal des procédés graphiques : gravure au burin, eau-forte,
lithographie, gravure sur bois, selon l'importance respective des œuvres.
Étant donné que la publication constitue une entreprise officielle, il y a là
naturellement une forme d'encouragement attribuée à la gravure qui, presque
partout, s'ingénie à trouver des formes de manifestation plus ou moms heureuses.
Tandis que pour sa part, M. Meyer fait une étude d'ensemble de l'École floren-
tine, de l'autre M. Bode expose les caractères et le développement de l'École fla-
mande au xvn° siècle et se livre plus spécialement à l'étude de Rubens, assez secon-
dairement représenté encore, comme il l'avoue, au Musée de Berlin. C'était surtout
l'École hollandaise qui, jusqu'à ce jour, avait fait l'objet des investigations de
notre savant collaborateur; il était intéressant de le voir aux prises avec les Fla-
mands. On ne peut méconnaître que son travail n'atteste un fonds de connaissances
très vaste de la matière avec une appréciation chaleureuse du génie flamand.
Si le nombre de ceux qui regardent est, pour me servir de l'expression de Topffer,
plus grand que le nombre de ceux qui lisent, un livre aussi richement illustré que
celui-ci me paraît devoir donner raison à Topffer. La publication de Berlin est de force
à éclipser en splendeurs les belles édifions de la société des Arts graphiques de
Vienne. Les planches de Jacoby d'après Filippo Lippi, surtout le portrait d'homme
d'après Holbein, par le professeur Eilers, sont d'un mérite exceptionnel. Parmi
les eaux-fortes, la VoM'rfc^ d'après Frans liais, par A. Krüger, et l'TMr-
de Schulz, d'après Emmanuel de Witte, méritent les premières men-
tions. Le brillant travail de M. Unger n'a pas suffi à racheter l'opération liàtive
de sa planche du de Van Dyck, l'une des belles peintures du
maître. L'A)Mhw%g&, d'après Rubens, qui n'est pas un chef-d'œuvre, pouvait
cependant donner matière à plus de sobriété d'interprétation.
La galerie de Berlin doit former quatre volumes : les deux premiers consacrés
aux Écoles italienne, espagnole et française. L'ensemble sera grandiose à quelque
point de vue qu'on l'envisage. Comme exécution typographique, on ferait diffici-
lement mieux.
Pour finir cette lettre, une nouvelle qui sera bien accueillie des lettrés. Une com-
mission s'est formée en Belgique pour ériger un monument à Van Mander. Ayant
à sa tête les bourgmestres de Mculebeke, où naquit le peintre historien, et
d'Amsterdam où repose sa dépouille, c'est dans la première de ces localités que
l'on compte élever une statue de bronze.
HENRY HYMANS.
Le Rédacteur en chef, gdrant : LOUIS GOXSE.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
ce n'en est pas moins une collection très riche, très variée où ne manquent pas ies
spécimens remarquables. On a eu ie courage à Berlin de chercher à adapter le
procédé de chaque reproduction au caractère de chaque œuvre, de ne pas s'en
tenir exclusivement à la photographie si parfaite qu'elle soit, mais de mettre en
réquisition tout l'arsenal des procédés graphiques : gravure au burin, eau-forte,
lithographie, gravure sur bois, selon l'importance respective des œuvres.
Étant donné que la publication constitue une entreprise officielle, il y a là
naturellement une forme d'encouragement attribuée à la gravure qui, presque
partout, s'ingénie à trouver des formes de manifestation plus ou moms heureuses.
Tandis que pour sa part, M. Meyer fait une étude d'ensemble de l'École floren-
tine, de l'autre M. Bode expose les caractères et le développement de l'École fla-
mande au xvn° siècle et se livre plus spécialement à l'étude de Rubens, assez secon-
dairement représenté encore, comme il l'avoue, au Musée de Berlin. C'était surtout
l'École hollandaise qui, jusqu'à ce jour, avait fait l'objet des investigations de
notre savant collaborateur; il était intéressant de le voir aux prises avec les Fla-
mands. On ne peut méconnaître que son travail n'atteste un fonds de connaissances
très vaste de la matière avec une appréciation chaleureuse du génie flamand.
Si le nombre de ceux qui regardent est, pour me servir de l'expression de Topffer,
plus grand que le nombre de ceux qui lisent, un livre aussi richement illustré que
celui-ci me paraît devoir donner raison à Topffer. La publication de Berlin est de force
à éclipser en splendeurs les belles édifions de la société des Arts graphiques de
Vienne. Les planches de Jacoby d'après Filippo Lippi, surtout le portrait d'homme
d'après Holbein, par le professeur Eilers, sont d'un mérite exceptionnel. Parmi
les eaux-fortes, la VoM'rfc^ d'après Frans liais, par A. Krüger, et l'TMr-
de Schulz, d'après Emmanuel de Witte, méritent les premières men-
tions. Le brillant travail de M. Unger n'a pas suffi à racheter l'opération liàtive
de sa planche du de Van Dyck, l'une des belles peintures du
maître. L'A)Mhw%g&, d'après Rubens, qui n'est pas un chef-d'œuvre, pouvait
cependant donner matière à plus de sobriété d'interprétation.
La galerie de Berlin doit former quatre volumes : les deux premiers consacrés
aux Écoles italienne, espagnole et française. L'ensemble sera grandiose à quelque
point de vue qu'on l'envisage. Comme exécution typographique, on ferait diffici-
lement mieux.
Pour finir cette lettre, une nouvelle qui sera bien accueillie des lettrés. Une com-
mission s'est formée en Belgique pour ériger un monument à Van Mander. Ayant
à sa tête les bourgmestres de Mculebeke, où naquit le peintre historien, et
d'Amsterdam où repose sa dépouille, c'est dans la première de ces localités que
l'on compte élever une statue de bronze.
HENRY HYMANS.
Le Rédacteur en chef, gdrant : LOUIS GOXSE.