FRANÇOIS RUDE.
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mais, en vérité, iis ne l'abattent point. Son courage grandit aux
mauvaises heures et il continue sa route, intraitable de droiture,
exemplaire de fermeté.
Chaque jour, de bon matin, François se rend à l'atelier où son
labeur l'appelle. Il y déjeune à petits frais, de provisions achetées
dans le voisinage; puis, s'il est de loisir, s'en va modeler d'après
nature aux Quatre-Nations. Trop rarement, il lui est possible de payer
des modèles pour faire des recherches de mouvement; mais, lorsqu'il
en tient un par occurrence, le bienveillant Cartellier lui abandonne
le cabinet attenant à son atelier de la Sorbonne. C'est dans ce réduit
qu'il a fait, suivant l'apparence, les bustes de la famille Ternaux et
le buste de M. Feuchot h les seules commandes personnelles qui lui
soient échues, à Paris, au cours de ses années d'apprentissage. Le
soir, il dîne avec ses camarades, Roman, Petitot, Ramey, dans une
pension inhme, retentissante d'éternelles discussions d'art et de
dithyrambes en l'honneur de Napoléon, idole, à ce moment, des jeunes
artistes, presque autant que des jeunes soldats. A certains jours de
fête, Cartellier l'admet dans son intérieur. Parfois aussi, revêtu de
ses meilleurs habits, il va voir Denon au Louvre, en ce Louvre où le
courtisan s'élève au-dessus de lui-même, formant et ordonnant ces
superbes Musées qu'il saura défendre énergiquement contre toutes
les attaques. Peut-être a-t-il rencontré, auprès du surintendant, le
savant Eméric David, chargé, en ce temps-là, de la rédaction des
catalogues et dont les études sur la sculpture auront grande influence
sur son esprit. L'a-t-on présenté à Crétet, ministre de l'intérieur,
ancien cultivateur de la Côte-d'Or, l'un des réorganisateurs de l'École
dijonnaise après la Révolution? J'en doute h Pour le peintre des
Romce$, le maître le plus en vue de cette période et le despote classi-
que par excellence, il est certain que Rude l'a admiré de loin et non
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1. Le buste de M. Feuchot appartient aujourd'hui à M. Pihan, 12, avenue
d'Antin. Styie et facture de l'époque impériale.
2. Emmanuel Crétet mourut à Auteuil le 28 novembre 1809, âgé de 72 ans,
ayant, depuis plusieurs mois, quitte le ministère à cause du délabrement de sa santé.
Par une étrangeté qui caractérise admirablement l'époque, Crétet, d'origine
savoyarde et protestant de religion, attiré dans la Côte-d'Or par la vente des biens
du clergé et acquéreur de la célèbre Chartreuse de Champmol-lès Dijon, titré même
par Napoléon « comte de Champmol 0, fut l'un des plus actifs négociateurs
du Concordat qui rétablit le culte catholique en France.
XXXVIII. — 2" PÉRIODE.
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mais, en vérité, iis ne l'abattent point. Son courage grandit aux
mauvaises heures et il continue sa route, intraitable de droiture,
exemplaire de fermeté.
Chaque jour, de bon matin, François se rend à l'atelier où son
labeur l'appelle. Il y déjeune à petits frais, de provisions achetées
dans le voisinage; puis, s'il est de loisir, s'en va modeler d'après
nature aux Quatre-Nations. Trop rarement, il lui est possible de payer
des modèles pour faire des recherches de mouvement; mais, lorsqu'il
en tient un par occurrence, le bienveillant Cartellier lui abandonne
le cabinet attenant à son atelier de la Sorbonne. C'est dans ce réduit
qu'il a fait, suivant l'apparence, les bustes de la famille Ternaux et
le buste de M. Feuchot h les seules commandes personnelles qui lui
soient échues, à Paris, au cours de ses années d'apprentissage. Le
soir, il dîne avec ses camarades, Roman, Petitot, Ramey, dans une
pension inhme, retentissante d'éternelles discussions d'art et de
dithyrambes en l'honneur de Napoléon, idole, à ce moment, des jeunes
artistes, presque autant que des jeunes soldats. A certains jours de
fête, Cartellier l'admet dans son intérieur. Parfois aussi, revêtu de
ses meilleurs habits, il va voir Denon au Louvre, en ce Louvre où le
courtisan s'élève au-dessus de lui-même, formant et ordonnant ces
superbes Musées qu'il saura défendre énergiquement contre toutes
les attaques. Peut-être a-t-il rencontré, auprès du surintendant, le
savant Eméric David, chargé, en ce temps-là, de la rédaction des
catalogues et dont les études sur la sculpture auront grande influence
sur son esprit. L'a-t-on présenté à Crétet, ministre de l'intérieur,
ancien cultivateur de la Côte-d'Or, l'un des réorganisateurs de l'École
dijonnaise après la Révolution? J'en doute h Pour le peintre des
Romce$, le maître le plus en vue de cette période et le despote classi-
que par excellence, il est certain que Rude l'a admiré de loin et non
(ù 30% hh o%% ht n^co%%nh3n%c^ das a%M3 d^3 nrh td
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1. Le buste de M. Feuchot appartient aujourd'hui à M. Pihan, 12, avenue
d'Antin. Styie et facture de l'époque impériale.
2. Emmanuel Crétet mourut à Auteuil le 28 novembre 1809, âgé de 72 ans,
ayant, depuis plusieurs mois, quitte le ministère à cause du délabrement de sa santé.
Par une étrangeté qui caractérise admirablement l'époque, Crétet, d'origine
savoyarde et protestant de religion, attiré dans la Côte-d'Or par la vente des biens
du clergé et acquéreur de la célèbre Chartreuse de Champmol-lès Dijon, titré même
par Napoléon « comte de Champmol 0, fut l'un des plus actifs négociateurs
du Concordat qui rétablit le culte catholique en France.
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