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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 38.1888

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Nr. 2
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Michel, André: Salon de 1888, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24192#0168

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SALON DE 1888.

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de M. Chevreul avec l'adorable du revers, les plaquettes de
M. Marcille, etc., etc. Sou succès récent, son entrée à l'Institut, a
réjoui le cœur de beaucoup d'amis et d'admirateurs inconnus.
Le maître du chœur, M. Chaplain a exposé une collection de
médailles qu'on ne se lassait pas d'admirer. Je disais tout à l'heure
que la statue de l'Histoire était encore à faire; je me trompais.
M. Chaplain vient de nous la donner dans le revers de la médaille
du regretté Dumont, l'ancien directeur de l'Ecole d'Athènes et de
l'enseignement supérieur, enlevé trop tôt à la science et à l'université
où son action avait été si efficace et si féconde. — Elle est destinée
aux lauréats de l'agrégation d'histoire qu'il avait fondée. La face
montre le fin profil de Dumont ; au revers, apparaît, sur un fond de
ruines légèrement indiquées, une figure drapée, droite au milieu
d'une tranchée. Elle est jeune, elle est pensive, elle est belle ; un vague
mystère l'enveloppe. Elle regarde loin devant elle avec une sorte
d'étonnement de ses yeux bien ouverts. Son bras, soulevé à hauteur
du front, écarte d'un geste lent et rythmé les draperies qui la
cachaient, découvre son visage rêveur et réfléchi... C'est une belle
inspiration, une trouvaille de poète et d'artiste que cette figure. Il est
impossible de l'oublier : elle exerce sur l'imagination une douce
obsession; elle vous accompagne. A côté de ce chef-d'œuvre, la
médaille du duc d'Aumale, celle de M. Guillaume avec, au revers, la
belle figure assise et en méditation, penchée sur un livre d'esthé-
tique, le maillet à la main ; celle de Got avec la salle et la scène de la
Comédie française, si ingénieusement indiquées; celle de M. J.-P.
Laurens avec le grand in-folio de Chroniques ouvert sur le chevalet
où verdoie une branche de chêne ; celle de M. Henriquel Dupont et celle
de M. Cabanel... Il y dans ce petit cadre plus de pensée, d'art et de
poésie qu'on ne saurait le faire entendre à ceux qui ne l'ont, pas vu.
C'est sur cette impression que je veux prendre congé de ce Salon.
A quoi bon, d'ailleurs, fatiguer plus longtemps le lecteur qui nous a
sans doute déjà faussé compagnie? Quelques amis ne nous ont pas
caché qu'on ne lit plus de Salon au mois d'aoùt. Voilà qui suffirait à
rendre modestes les critiques, — et peut-être aussi les artistes, s'ils
veulent bien y réfléchir. — Mais nous sommes, plus que personne,
convaincu de la vanité finale de toutes nos écritures et nous avons
beaucoup moins la prétention de défendre nos pages inutiles que les
œuvres de valeur dont nous devions parler.
ANDRÉ MICHEL.

XXXVIII.

2° PÉRIODE.

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