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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de la meilleure époque des œuvres de Prud'lion. Autant vaut renoncer
aux formules banales de l'admiration, et se reporter, pour l'historique,
au travail de Charles Clément. Le corps de Psyché est d'une grâce
inconcevable ; la draperie jaune et le rayon bleu de l'aile d'un des
amours ajoutent au mystère de la couleur. Une première de
cette était donnée au Louvre en 1878 par M. Mis de la Salle.
C'est une vigoureuse pierre noire à traînées de blanc. Une autre pré-
paration, celle-là plus complète et plus près des lignes définitives du
tableau, était acquise par M. Marcille père à la vente du cabinet
Odiot. M. Camille Marcille en hérita, puis elle passa aux mains de
M. Stem, le banquier.
La comtesse de Sommariva vient de léguer avec la P$?/c/m une
peinture de Guérin; l'AMrore c/ CcpMA, du Salon de 1810. Forster en
grava la composition en 1821. Cette toile de dimension était, de même,
une commande du duc de Sommariva et parut en pendant de l'A?^d?'0-
P?/?TAMS. La figure de femme fait effet par la recherche du
geste et le tout peut passer pour une des meilleures mythologues de
l'artiste.
Telle est cette donation, réellement digne, de toute manière, de
la haute famille de collectionneurs d'où elle vient. La Conservation
des Musées et les. fidèles de Prud'hon n'auront jamais trop de recon-
naissance pour une pareille largesse. Dans le même trimestre,
M^ Gàtine, notaire de la succession Boucicaut, informait ie Louvre
d'un legs de trois tableaux : PA/m %% êoU de Courbet, dgyp-
G'c/nm.s Uuv/.S' dM A// de Fromentin et dP)fs'Â'0/n?CM.S'e.S' de Julien
Dupré. Ce sont d'excellentes pages d'exposition, reçues avec toute la
gratitude désirable. Pourtant, ce don posthume a pu paraître un peu
restreint, en contraste de la manifestation presque sociale du testa-
ment d'ensemble des Boucicaut. Comment la répartition des legs de
cette fortune immense et désormais historique a-t-elle fait la part
du Louvre si imperceptible, après s'être préoccupée du sort d'institu-
tions littéraires encore plus étrangères aux habitudes d'esprit
des Boucicaut? La chose est d'autant plus inexplicable en appa-
rence, si l'on tient compte de la fréquentation assez soutenue de
M. Boucicaut avec certains de nos artistes pour des commandes
ou des portraits. Est-il nécessaire de rappeler les plafonds du Bon-
Marché, la décoration de ses châteaux, la chapelle de mosaïque de
Bellesme, dans l'Orne, et même l'hospitalité permanente offerte aux
toiles et bustes modernes, au fameux salon de lecture de ses maga-
sins? L'éclectisme universel de ses bienfaits aurait dû, tout au moins,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de la meilleure époque des œuvres de Prud'lion. Autant vaut renoncer
aux formules banales de l'admiration, et se reporter, pour l'historique,
au travail de Charles Clément. Le corps de Psyché est d'une grâce
inconcevable ; la draperie jaune et le rayon bleu de l'aile d'un des
amours ajoutent au mystère de la couleur. Une première de
cette était donnée au Louvre en 1878 par M. Mis de la Salle.
C'est une vigoureuse pierre noire à traînées de blanc. Une autre pré-
paration, celle-là plus complète et plus près des lignes définitives du
tableau, était acquise par M. Marcille père à la vente du cabinet
Odiot. M. Camille Marcille en hérita, puis elle passa aux mains de
M. Stem, le banquier.
La comtesse de Sommariva vient de léguer avec la P$?/c/m une
peinture de Guérin; l'AMrore c/ CcpMA, du Salon de 1810. Forster en
grava la composition en 1821. Cette toile de dimension était, de même,
une commande du duc de Sommariva et parut en pendant de l'A?^d?'0-
P?/?TAMS. La figure de femme fait effet par la recherche du
geste et le tout peut passer pour une des meilleures mythologues de
l'artiste.
Telle est cette donation, réellement digne, de toute manière, de
la haute famille de collectionneurs d'où elle vient. La Conservation
des Musées et les. fidèles de Prud'hon n'auront jamais trop de recon-
naissance pour une pareille largesse. Dans le même trimestre,
M^ Gàtine, notaire de la succession Boucicaut, informait ie Louvre
d'un legs de trois tableaux : PA/m %% êoU de Courbet, dgyp-
G'c/nm.s Uuv/.S' dM A// de Fromentin et dP)fs'Â'0/n?CM.S'e.S' de Julien
Dupré. Ce sont d'excellentes pages d'exposition, reçues avec toute la
gratitude désirable. Pourtant, ce don posthume a pu paraître un peu
restreint, en contraste de la manifestation presque sociale du testa-
ment d'ensemble des Boucicaut. Comment la répartition des legs de
cette fortune immense et désormais historique a-t-elle fait la part
du Louvre si imperceptible, après s'être préoccupée du sort d'institu-
tions littéraires encore plus étrangères aux habitudes d'esprit
des Boucicaut? La chose est d'autant plus inexplicable en appa-
rence, si l'on tient compte de la fréquentation assez soutenue de
M. Boucicaut avec certains de nos artistes pour des commandes
ou des portraits. Est-il nécessaire de rappeler les plafonds du Bon-
Marché, la décoration de ses châteaux, la chapelle de mosaïque de
Bellesme, dans l'Orne, et même l'hospitalité permanente offerte aux
toiles et bustes modernes, au fameux salon de lecture de ses maga-
sins? L'éclectisme universel de ses bienfaits aurait dû, tout au moins,