210
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
AcmAmA d6.s A/T.U. « On y a veu (en Angleterre) de
nostre temps, au cabinet du Roy Charles RR ce beau portrait en
ovale d'Erasme de Rotterdam et de Pierre Gille, si célèbre par
ses propres perfections et par les vers que Thomas Morus a pris la
peine d'escrire à sa louange, dans lesquels il exprime fort agréable-
ment et le mérite du sujet et celui du tableau. »
L'honneur d'avoir retrouvé le portrait d'Ægidius revient à
M. AVornum. Quand lord Radner l'envoya, en 1873, à l'exposition
de la Royal Academy, il passait pour un Holbein, attribution con-
firmée par AVaagen. La détermination de M. AVornum n'était que
partiellement complète cependant. De ce que le portrait du secrétaire
d'Anvers avait pour pendant à Longford Castle, celui d'Erasme peint
par Holbein en 1523, il jugea devoir conclure que le diptyque de
Morus était retrouvé. Les choses se présentaient alors en sens
inverse : Matsys avait disparu pour faire place à Holbein; celui-ci
disparaissait à son tour pour faire place à Matsys. AVoltmann rétablit
l'équilibre. D'après lui, le portrait d'Ægidius seui, est resté en
Angleterre.
Le Musée d'Anvers possède une ancienne copie du portrait
d'Ægidius. cataloguée comme un portrait d'Erasme par Holbein. C'est
même de cette efhgie que Leys s'est inspiré à diverses reprises,
notamment pour son tableau d'Émsmc
Il n'en faut vouloir à personne de cette méprise. Très certaine-
ment, en l'absence de l'œuvre si expressivement décrite par Morus,
le personnage ici représenté a de nombreux traits de ressemblance
avec l'auteur de l'É/o^e & FofA. La présence des livres d'Erasme,
sous la main du savant, était bien faite aussi pour renforcer l'illusion.
Toujours est-il que si le Alusée d'Anvers perd un Holbein douteux,
il acquiert en échange le portrait d'un citoyen illustre et la répétition
d'une œuvre fameuse d'un des plus grands peintres de l'Ecole
anversoise.
En ce qui concerne le portrait d'Erasme, AVoltmann, après avoir
partagé quelque temps les vues de AVornum, soutenues également
par Otto Mundler, finit par trouver à Hampton Court le portrait
d'Ér%3?M.e attribué à Holbein et accepté pour tel par AL AVor-
num dans sa biographie du maître.
« C'est un beau portrait authentique, avait dit l'auteur anglais,
mais il est tant assombri et encrassé que l'expression du regard s'en
t. Paris, 1682, U II, page 39t.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
AcmAmA d6.s A/T.U. « On y a veu (en Angleterre) de
nostre temps, au cabinet du Roy Charles RR ce beau portrait en
ovale d'Erasme de Rotterdam et de Pierre Gille, si célèbre par
ses propres perfections et par les vers que Thomas Morus a pris la
peine d'escrire à sa louange, dans lesquels il exprime fort agréable-
ment et le mérite du sujet et celui du tableau. »
L'honneur d'avoir retrouvé le portrait d'Ægidius revient à
M. AVornum. Quand lord Radner l'envoya, en 1873, à l'exposition
de la Royal Academy, il passait pour un Holbein, attribution con-
firmée par AVaagen. La détermination de M. AVornum n'était que
partiellement complète cependant. De ce que le portrait du secrétaire
d'Anvers avait pour pendant à Longford Castle, celui d'Erasme peint
par Holbein en 1523, il jugea devoir conclure que le diptyque de
Morus était retrouvé. Les choses se présentaient alors en sens
inverse : Matsys avait disparu pour faire place à Holbein; celui-ci
disparaissait à son tour pour faire place à Matsys. AVoltmann rétablit
l'équilibre. D'après lui, le portrait d'Ægidius seui, est resté en
Angleterre.
Le Musée d'Anvers possède une ancienne copie du portrait
d'Ægidius. cataloguée comme un portrait d'Erasme par Holbein. C'est
même de cette efhgie que Leys s'est inspiré à diverses reprises,
notamment pour son tableau d'Émsmc
Il n'en faut vouloir à personne de cette méprise. Très certaine-
ment, en l'absence de l'œuvre si expressivement décrite par Morus,
le personnage ici représenté a de nombreux traits de ressemblance
avec l'auteur de l'É/o^e & FofA. La présence des livres d'Erasme,
sous la main du savant, était bien faite aussi pour renforcer l'illusion.
Toujours est-il que si le Alusée d'Anvers perd un Holbein douteux,
il acquiert en échange le portrait d'un citoyen illustre et la répétition
d'une œuvre fameuse d'un des plus grands peintres de l'Ecole
anversoise.
En ce qui concerne le portrait d'Erasme, AVoltmann, après avoir
partagé quelque temps les vues de AVornum, soutenues également
par Otto Mundler, finit par trouver à Hampton Court le portrait
d'Ér%3?M.e attribué à Holbein et accepté pour tel par AL AVor-
num dans sa biographie du maître.
« C'est un beau portrait authentique, avait dit l'auteur anglais,
mais il est tant assombri et encrassé que l'expression du regard s'en
t. Paris, 1682, U II, page 39t.