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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
à faire exécuter ses plus grands ouvrages par des aides et des élèves,
travaillant d'après les maquettes du maître et sous sa direction. Ainsi
s'explique le nombre relativement considérable de ces maquettes et
esquisses de Verrocchio qui sont parvenues jusqu'à nous. Et tandis
que les grandes œuvres sculpturales du maître, en raison de leurs
dimensions, et de leur destination, sont restées en Italie, ces petits
travaux de terre cuite, de si peu d'apparence, ont su, en passant par
les collections particulières italiennes, se frayer un chemin jusqu'aux
collections de l'étranger. Le Musée de Berlin a pu, dans ces dernières
années, acquérir plusieurs de ces maquettes, éminemment propres à
faire connaître le sérieux effort naturaliste de Verrocchio. L'une de
ces figures est un travail préparatoire pour le célèbre du Bar-
gello, que Verrocchio termina en 1476 pour Pierre de Médicis. C'est
moins une maquette ou une esquisse pour cette statue de bronze
qu'une étude en vue de cet ouvrage. Toutes les particularités sont
rendues avec une fidélité scrupuleuse, un soin presque inquiet de
l'exactitude naturelle : et c'est précisément ce qui empêche en partie
l'effet des grandes proportions et de l'ensemble. Bien plus franche et
plus large est une Rgure de dimensions plus grandes, bM jhMiar Aouwie
Ici encore, les détails, les fortes articulations, la robuste
stature sont caractéristiques du maître ; mais de plus l'aspect général
est parfait ; l'effet des membres détendus par le sommeil est très
heureusement rendu; la tète présente ce charme particulier que
Verrochio a transmis aux figures juvéniles de son élève Léonard.
Cette statue est vraisemblablement une étude pour un guerrier en-
dormi de la bhUMrfecPmg ouvrage qui n'a pas été conservé.
Une autre maquette plus petite, est d'un
arrangement et d'un rendu extrêmement fins, et une excellente pein-
ture et dorure lui ajoute un charme tout spécial. L'ouvrage semble
une esquisse pour une grande statue de Verrocchio, qui doit avoir été
très connue au temps de l'artiste, car un tableau de Lorenzo di
Credi, au Musée de Berlin, en est une copie presque exacte et la
même figure se retrouve dans le tableau d'autel attribué à tort à
C. Rosselli, au Louvre, auquel j'ai déjà fait allusion.
Le rendu naturaliste des détaiis les plus insignifiants est le trait
distinctif de la manière de Verrocchio ; ce trait explique comment
nous n'avons qu'un nombre relativement petit d'œuvres de ce maître,
et comment il s'adonnait de préférence à la représentation de figures
isolées. Pour la même raison il se restreignait dans ses compositions
à un petit nombre de figures. Un petit relief en terre cuite, du Musée
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
à faire exécuter ses plus grands ouvrages par des aides et des élèves,
travaillant d'après les maquettes du maître et sous sa direction. Ainsi
s'explique le nombre relativement considérable de ces maquettes et
esquisses de Verrocchio qui sont parvenues jusqu'à nous. Et tandis
que les grandes œuvres sculpturales du maître, en raison de leurs
dimensions, et de leur destination, sont restées en Italie, ces petits
travaux de terre cuite, de si peu d'apparence, ont su, en passant par
les collections particulières italiennes, se frayer un chemin jusqu'aux
collections de l'étranger. Le Musée de Berlin a pu, dans ces dernières
années, acquérir plusieurs de ces maquettes, éminemment propres à
faire connaître le sérieux effort naturaliste de Verrocchio. L'une de
ces figures est un travail préparatoire pour le célèbre du Bar-
gello, que Verrocchio termina en 1476 pour Pierre de Médicis. C'est
moins une maquette ou une esquisse pour cette statue de bronze
qu'une étude en vue de cet ouvrage. Toutes les particularités sont
rendues avec une fidélité scrupuleuse, un soin presque inquiet de
l'exactitude naturelle : et c'est précisément ce qui empêche en partie
l'effet des grandes proportions et de l'ensemble. Bien plus franche et
plus large est une Rgure de dimensions plus grandes, bM jhMiar Aouwie
Ici encore, les détails, les fortes articulations, la robuste
stature sont caractéristiques du maître ; mais de plus l'aspect général
est parfait ; l'effet des membres détendus par le sommeil est très
heureusement rendu; la tète présente ce charme particulier que
Verrochio a transmis aux figures juvéniles de son élève Léonard.
Cette statue est vraisemblablement une étude pour un guerrier en-
dormi de la bhUMrfecPmg ouvrage qui n'a pas été conservé.
Une autre maquette plus petite, est d'un
arrangement et d'un rendu extrêmement fins, et une excellente pein-
ture et dorure lui ajoute un charme tout spécial. L'ouvrage semble
une esquisse pour une grande statue de Verrocchio, qui doit avoir été
très connue au temps de l'artiste, car un tableau de Lorenzo di
Credi, au Musée de Berlin, en est une copie presque exacte et la
même figure se retrouve dans le tableau d'autel attribué à tort à
C. Rosselli, au Louvre, auquel j'ai déjà fait allusion.
Le rendu naturaliste des détaiis les plus insignifiants est le trait
distinctif de la manière de Verrocchio ; ce trait explique comment
nous n'avons qu'un nombre relativement petit d'œuvres de ce maître,
et comment il s'adonnait de préférence à la représentation de figures
isolées. Pour la même raison il se restreignait dans ses compositions
à un petit nombre de figures. Un petit relief en terre cuite, du Musée