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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
jctmes (ye^s, ont été fait avec moins de soin. Au contraire il faut
accorder une attention spéciale à deux portraits de marbre en relief
représentant ÆhU/d%s Corrm et, sa femme, 7?&uWce d'A?Yq/o?7. Si même
une vieille tradition ne nous renseignait sur les originaux de ces
portraits, la couronne de chêne dans les cheveux de l'homme ne
laisserait aucun doute sur son nom. D'ailleurs ni Mathias Corvin ni
sa femme ne paraissent être ici très ressemblants : la cause en est
peut-être que l'artiste ne les aura pas connus et qu'il aura travaillé
d'après des médailles ou des dessins. En revanche la conception plus
typique des deux tètes indique d'autant plus sûrement le maitre.
Mathias présente le prohl caractéristique de tête juvénile chez Ver-
rocchio et le jeune Léonard, et la tête de femme indique encore plus
la main de l'artiste : la forme carrée, le front très bombé, les lèvres
un peu lippues de la bouche fermée, le menton fort, les paupières
épaisses et les sourcils recourbés, le petit nez camard se retrouvent
plus ou moins dans toutes les ligures de jeunes femmes de Verroc-
chio. La nature du marbre, un marbre grec, vraisemblablement du
Pentélique, permet d'établir que les deux reliefs ont été exécutés à
Venise, où l'on employait presque exclusivement, au xv° siècle, le
marbre grec et surtout le marbre du Pentélique. Et cette circon-
stance prouve encore que les deux reliefs sont l'œuvre de Verrocchio ;
car ils apparaissent au premier coup d'œil comme des œuvres floren-
tines, et Verrocchio, depuis 1479 jusqu'à sa mort, travaillait presque
constamment à Venise pour la maquette du et ensuite pour
les préparatifs de la fonte de cette statue.
Les sculptures de toutes les autres écoles italiennes du xv" siècle
sont extrêmement inférieures aux œuvres de la sculpture florentine.
Ces écoles diverses sont représentées au Musée de Berlin d'une
façon bien plus restreinte que l'Ecole de Florence, en raison même
du rang inférieur qu'elles occupent dans l'histoire de l'art. Mais les
ouvrages que possède notre Musée suffisent à nous donner une image
de ce qu'était, au xv" siècle, la sculpture italienne en dehors de Flo-
rence. Je ne relèverai ici que quelques pièces dominantes.
Deux grandes statues en bois figurant passaient,
sur le marché de Florence, où elles ont été acquises il y a quelque
dix ans, pour des travaux de Jacopo délia Quercia. Elles sont d'une
facture trop simple et trop aimable pour être vraiment des œuvres
de ce maitre. Mais il est certain qu'elles sont en effet de provenance
siennoise, et qu'elles datent du temps du Quercia, dont elles suivent
les tendances : c'est ce que prouvent deux statues représentant le
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
jctmes (ye^s, ont été fait avec moins de soin. Au contraire il faut
accorder une attention spéciale à deux portraits de marbre en relief
représentant ÆhU/d%s Corrm et, sa femme, 7?&uWce d'A?Yq/o?7. Si même
une vieille tradition ne nous renseignait sur les originaux de ces
portraits, la couronne de chêne dans les cheveux de l'homme ne
laisserait aucun doute sur son nom. D'ailleurs ni Mathias Corvin ni
sa femme ne paraissent être ici très ressemblants : la cause en est
peut-être que l'artiste ne les aura pas connus et qu'il aura travaillé
d'après des médailles ou des dessins. En revanche la conception plus
typique des deux tètes indique d'autant plus sûrement le maitre.
Mathias présente le prohl caractéristique de tête juvénile chez Ver-
rocchio et le jeune Léonard, et la tête de femme indique encore plus
la main de l'artiste : la forme carrée, le front très bombé, les lèvres
un peu lippues de la bouche fermée, le menton fort, les paupières
épaisses et les sourcils recourbés, le petit nez camard se retrouvent
plus ou moins dans toutes les ligures de jeunes femmes de Verroc-
chio. La nature du marbre, un marbre grec, vraisemblablement du
Pentélique, permet d'établir que les deux reliefs ont été exécutés à
Venise, où l'on employait presque exclusivement, au xv° siècle, le
marbre grec et surtout le marbre du Pentélique. Et cette circon-
stance prouve encore que les deux reliefs sont l'œuvre de Verrocchio ;
car ils apparaissent au premier coup d'œil comme des œuvres floren-
tines, et Verrocchio, depuis 1479 jusqu'à sa mort, travaillait presque
constamment à Venise pour la maquette du et ensuite pour
les préparatifs de la fonte de cette statue.
Les sculptures de toutes les autres écoles italiennes du xv" siècle
sont extrêmement inférieures aux œuvres de la sculpture florentine.
Ces écoles diverses sont représentées au Musée de Berlin d'une
façon bien plus restreinte que l'Ecole de Florence, en raison même
du rang inférieur qu'elles occupent dans l'histoire de l'art. Mais les
ouvrages que possède notre Musée suffisent à nous donner une image
de ce qu'était, au xv" siècle, la sculpture italienne en dehors de Flo-
rence. Je ne relèverai ici que quelques pièces dominantes.
Deux grandes statues en bois figurant passaient,
sur le marché de Florence, où elles ont été acquises il y a quelque
dix ans, pour des travaux de Jacopo délia Quercia. Elles sont d'une
facture trop simple et trop aimable pour être vraiment des œuvres
de ce maitre. Mais il est certain qu'elles sont en effet de provenance
siennoise, et qu'elles datent du temps du Quercia, dont elles suivent
les tendances : c'est ce que prouvent deux statues représentant le