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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Cet objet est certainement l'un des pins curieux et Lun des plus
beaux du trésor ; c'est aussi un de ceux sur lesquels il est bien
difficile de se prononcer. Tous ceux qui s'en sont occupés jusqu'ici
l'ont, si je ne me trompe, considéré comme appartenant à l'art
romain. Durand, qui lui a consacré un paragraphe spécial dans ses
articles sur le trésor de Saint-Marc', trouve que sa décoration
« rappelle l'antique )> et il le compare à un vase provenant de Nîmes
qui fait partie de la collection des verres du Musée du Louvre, lequel
vase est émaillé. Toutefois cet auteur ne semble émettre cette opinion
que d'une façon assez timide.
Il est inutile d'insister sur sa forme : elle est fort simple. Sa
large panse déprimée est surmontée d'un bord renversé en chanfrein.
Deux cercles d'argent doré l'enserrent et deux anses en volutes dont
la partie supérieure contient un quatrefeuille complètent cette
monture d'une élégance extrême. Chose remarquable, le centre de
chaque quatrefeuille enchâsse un saphir. Le verre est de teinte très
foncée, lie de vin. La décoration de la panse est faite au moyen
d'émaux ou de pâtes colorées et d'or : elle consiste en sept médail-
lons circulaires bordés d'or et de marguerites blanches, vertes et
ronges; dans ces médaillons on voit des scènes d'un caractère entiè-
rement antique et païen : Un homme nu tenant un thyrse et vêtu
d'un manteau flottant; — un homme (?) assis tenant en main une
lance et ayant près de lui un carquois; un amour vêtu d'une longue
tunique, debout sur une colonne dressée devant lui, semble lui parler;
— un homme nu et debout entre deux colonnes et s'appuyant sur
l'une d'elles ; — un vieillard vêtu de long et tenant un êdMMS; — un
homme casqué vêtu d'un manteau flottant et exécutant une danse ;
— une femme demi-nue tenant une faucille, appuyée â une colonne;
— un homme demi-nu assis sur un escabeau, le bras droit étendu et
désignant un masque de la main gauche. Dans les écoinçons, entre
chacun des grands médaillons, s'en trouvent de plus petits contenant
des têtes de profil, diadémées d'or, ressemblant â des types de mon-
naies. Sur le bord, nous retrouvons des ornements d'or et des
marguerites polychromes; mais â l'intérieur du bord et au bas de
la panse, le système de décoration change et ce n'est pas sans éton-
nement qu'on y trouve des inscriptions ou de pseudo-inscriptions
en caractères couhques.
M°'* Pasini pense que le vase est romain ; que la monture est by-
1. Durand, n° 107.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Cet objet est certainement l'un des pins curieux et Lun des plus
beaux du trésor ; c'est aussi un de ceux sur lesquels il est bien
difficile de se prononcer. Tous ceux qui s'en sont occupés jusqu'ici
l'ont, si je ne me trompe, considéré comme appartenant à l'art
romain. Durand, qui lui a consacré un paragraphe spécial dans ses
articles sur le trésor de Saint-Marc', trouve que sa décoration
« rappelle l'antique )> et il le compare à un vase provenant de Nîmes
qui fait partie de la collection des verres du Musée du Louvre, lequel
vase est émaillé. Toutefois cet auteur ne semble émettre cette opinion
que d'une façon assez timide.
Il est inutile d'insister sur sa forme : elle est fort simple. Sa
large panse déprimée est surmontée d'un bord renversé en chanfrein.
Deux cercles d'argent doré l'enserrent et deux anses en volutes dont
la partie supérieure contient un quatrefeuille complètent cette
monture d'une élégance extrême. Chose remarquable, le centre de
chaque quatrefeuille enchâsse un saphir. Le verre est de teinte très
foncée, lie de vin. La décoration de la panse est faite au moyen
d'émaux ou de pâtes colorées et d'or : elle consiste en sept médail-
lons circulaires bordés d'or et de marguerites blanches, vertes et
ronges; dans ces médaillons on voit des scènes d'un caractère entiè-
rement antique et païen : Un homme nu tenant un thyrse et vêtu
d'un manteau flottant; — un homme (?) assis tenant en main une
lance et ayant près de lui un carquois; un amour vêtu d'une longue
tunique, debout sur une colonne dressée devant lui, semble lui parler;
— un homme nu et debout entre deux colonnes et s'appuyant sur
l'une d'elles ; — un vieillard vêtu de long et tenant un êdMMS; — un
homme casqué vêtu d'un manteau flottant et exécutant une danse ;
— une femme demi-nue tenant une faucille, appuyée â une colonne;
— un homme demi-nu assis sur un escabeau, le bras droit étendu et
désignant un masque de la main gauche. Dans les écoinçons, entre
chacun des grands médaillons, s'en trouvent de plus petits contenant
des têtes de profil, diadémées d'or, ressemblant â des types de mon-
naies. Sur le bord, nous retrouvons des ornements d'or et des
marguerites polychromes; mais â l'intérieur du bord et au bas de
la panse, le système de décoration change et ce n'est pas sans éton-
nement qu'on y trouve des inscriptions ou de pseudo-inscriptions
en caractères couhques.
M°'* Pasini pense que le vase est romain ; que la monture est by-
1. Durand, n° 107.