Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2. Pér. 38.1888)

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FRANÇOIS RUDE.
de Malines, ancien camarade du statuaire dijonnais à l'École des
Beaux-Arts de Paris et plusieurs fois son compétiteur au prix de
Rome. Van Geel est, certes, de beaucoup inférieur à Godecharles,
mais il a sur lui l'avantage d'être jeune et plusieurs s'imaginent
qu'il représente l'art moderne. On a pu le juger sur son bas-relief
de la porte de Lacken, aujourd'hui démolie, et sur quelques figures
isolées, rencontrées en des édifices. Ses compositions manquent
autant d'harmonie et d'agrément que de nouveauté; sa facture ne
sort jamais des grossièretés de l'à-peu-près. A l'égard du caractère,
voici qui le peint au vif : élève des Français, il a consenti à
sculpter le modèle du lion Waterloo, monument commémoratif d'une
des plus grandes détresses françaises. Rude trouve en cet ancien
camarade son pire ennemi. Mais ne pensez pas, surtout, qu'il s'en
émeuve outre mesure. « Le vrai talent, dit-il, finit toujours par être
distingué. » Il modèle, pour se faire connaître, quelques bustes de
réfugiés : Bonnet, le conventionnel; Villaine; Jacotot, l'inventeur
de la méthode pédagogique dite (fdmrmcipuhhna type
bizarre que nous retrouverons plus loin, et Louis David lui-même.
Comme il n'existe pas un seul bon portrait du roi, l'idée lui vient
de représenter aussi le monarque. L'œuvre entreprise d'après des
observations et des croquis notés sur le passage du souverain est si
vivante que Guillaume F'' s'y intéresse. <( Le roi a posé pendant trois
jours et des séances de deux heures, écrit Sophie Frémiet à son amie
de Dijon, M'^ Moyne. C'est pourquoi le buste est très bien fait et
.très ressemblant. M. Rude en a, par avance, vendu plusieurs exem-
plaires pour des établissements publics et pour des particuliers.
L'original est destiné aux États généraux*. »
Le jeune sculpteur, préoccupé d'aider efficacement ses parents
d'adoption, multiplie de tous côtés ses démarches. Depuis 1817, le
théâtre de la Monnaie est en construction sous la direction de
l'architecte français Damesme. Au dehors, le monument doit rappeler
beaucoup l'Odéon de Paris; au dedans, tout sera blanc et or, revêtu
de claires arabesques et de gais motifs, avec de hautes cariatides
dorées pour supporter les loges du roi et du prince d'Orange. François
appelle à ses côtés tandis que la Force chasse la Discorde et le Fanatisme, o
L'œuvre date de 1783.
1. Lettre du 30 décembre 1819. Je tiens de M. Richot-Moyne, représentant
actuel de la famille Moyne à Dijon, les précieuses lettres de Mme Rude aux-
quelles je fais des emprunts.