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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 4
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Reinach, Salomon: Le Musée des antiques à Vienne, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0318

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LE MUSÉE DES ANTIQUES A VIENNE.

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groupe dont l’Amazone de Vienne a fait partie : cette dernière peut
bien avoir été une figure isolée dérivant, comme la gravure sur pierre
fine, de quelque peinture ou bas-relief. M. Overbeck et d’autres
archéologues me paraissent être dans l’erreur lorsqu’ils attribuent
la Penthésilée à la génération qui a précédé Phidias : il me semble,
au contraire, qu’elle doit être l’œuvre d’un de ses contemporains.
Or, parmi les contemporains de Phidias, nous en connaissons un,
Crésilas, qui, au témoignage de Pline, était l’auteur d’une Amazone
blessée à Éphèse1. On a proposé, non sans vraisemblance, d’iden-
tifier à cette statue une autre figure de Crésilas dont parle Pline 3 et
qu’il décrit ainsi : Vulneratum deficientem, in quo possit intelligi quantum
restel anirnae. Pline compilait à la hâte d’après des sources diffé-
rentes : il a bien pu attribuer à Crésilas deux figures de blessés qui
n’en faisaient en réalité qu’une. Or, il est certain que ce mourant
ou cette mourante « image de la vie qui s’éteint » rappelle singuliè-
rement l’Amazone de Vienne. En outre, nous savons par les anciens
que Crésilas était l’auteur d’un portrait idéalisé de Périclès, dont
on possède d’assez nombreuses répliques : la meilleure, celle du
Vatican, est d’un style et d’une facture que l’on retrouve, à mon
avis, dans la tête de notre statue d’Amazone. Faut-il ajouter que
l’Amazone blessée de Crésilas se voyait à Ephèse et que celle du
Musée impérial est peut-être originaire de la même ville? Mais les
images d’Amazones signalées par Pline à Ephèse ont déjà fait couler
trop d’encre pour qu’il soit utile d’ajouter une nouvelle hypothèse à
toutes celles dont elles ont été l’objet. Contentons-nous de qualifier
d’invraisemblable l’opinion courante, qui cherche à identifier l’Ama-
zone de Crésilas avec le prototype d’une statue du Capitole 3 dont les
blessures ne paraissent pas bien sérieuses. Cette figure est plutôt,
comme toutes celles qui reproduisent un motif analogue, une imita-
tion de l’Amazone de Polyclète, que l’on admirait dans le temple
d’Éphèse auprès de celles de Phidias, de Crésilas et de Phradmon.
On perd son temps à vouloir discerner, dans ces copies romaines,
celles qui se rapportent à chacune des statues mentionnées par
Pline; ce sont les variantes d’un type unique, car il est vraiment
inadmissible que ces quatre Amazones, œuvres d’artistes différents,
aient présenté tant d’analogie entre elles 4.

1. Pline, Hist. nat., XXXIV, 53 et 73.

2. Ibid., XXXIV, 74.

3. Jahrbuch des Instituts, 1886, p. 28.

4. C’est l'opinion très sage de M. Murray, History o[ greek sculpture, t. Ier, p. 278.
 
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