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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 1
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Pottier, Edmond: Les Salons de 1892, 2, La sculpture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0012

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

dire à quelques-uns de nos contemporains que Phidias et Praxitèle
leur étaient supérieurs, je pense, sans en être absolument sûr, qu’ils
ne m’en voudront pas trop. Pour me débarrasser tout de suite de
l’aveu qui me coûte le plus, je résumerai d’abord l’impression géné-
rale que m’ont laissée les deux Salons des Champs-Elysées et du
Champ-de-Mars : de toutes les grandes époques d’art qui exercent
leur influence sur les sculpteurs contemporains, l’Antiquité est celle
qu’ils me paraissent comprendre et connaître le moins.

Peut-être vais-je étonner et scandaliser, car c’est un lieu commun
aujourd’hui d’admirer la belle tenue et la saine conduite de l’Ecole
française dans le domaine de la plastique. Aux tâtonnements, aux
divagations et aux violences de la peinture, on se fait souvent un
plaisir d’opposer la sage pondération, la remarquable unité de la
sculpture et l’on en reporte tout l’honneur aux traditions antiques.
Maintenue dans une voie très étroite par les conditions mêmes de la
matière et de la technique, réduite à des combinaisons de lignes et
de plans, la sculpture, dit-on, ne peut pas quitter la grande route
pour battre les buissons-à l’aventure. Privée de la couleur, du
paysage, des enveloppes d’air et de lumière, elle n’a, pour son grand
bonheur, à se préoccuper que de la forme modelée, à l’étudier amou-
reusement et à laisser jouer sur elle les rayons du jour.

Pas de divergences sur la façon de voir et d’interpréter la nature :
l’œil n’est plus le seul juge, avec ses erreurs et ses dépravations
possibles. L’anatomie, qui est la base même de cet art, lui apporte
en aide toute la rigueur scientifique de ses lois. Le toucher, sens
délicat et sûr, vient contrôler et préciser ce que l’œil a noté dans la
complexité des formes vivantes. Ainsi bornée par des barrières
infranchissables, ainsi soutenue par de solides auxiliaires, comment
s’étonner que la sculpture continue à marcher d’un pas égal et tran-
quille dans la voie que lui ont ouverte les maîtres d’autrefois?

Avant de répondre à la théorie, voyons les œuvres.

La sculpture monumentale. — Associer une sculpture avec un
édifice est l’une des tâches les plus délicates qui puissent échoir à un
artiste. En effet, les conditions de réussite sont complexes : il ne
s’agit pas seulement de créer une œuvre originale et belle; il faut
encore trouver un sujet qui rappelle la destination du monument
et, de plus, le concevoir sous une forme qui s’adapte aux lignes
 
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