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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Lechat, Henri: L' Acropole d'Athènes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0107

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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au Parnès, ou se fixent sur le bois des oliviers, dans la plaine, il
semble que l’on sente monter jusqu’à soi, comme un souffle, l’âme
athénienne d’autrefois. Des gens vous diront qu’ils n’ont senti ni vu
monter jusqu’à eux que de la poussière. Cela prouve que chacun voit
et sent les choses à sa façon ; et toutes les façons de sentir sont
légitimes, il est vrai; mais, cependant, il y en a de meilleures les
unes que les autres. Pour moi, j’ose dire que le paysage attique
n’acquiert sa beauté complète que si l’on mêle à la sensation du pré-
sent certains souvenirs du passé, si l’on comprend que ces souvenirs,
loin d’être une parure accessoire, sont véritablement devenus partie
intégrante du paysage même, si l’on sent qu’il se lève de cette plaine,

— outre la poussière, que je ne songe point à nier, — la gloire inex-
tinguible, toujours aussi radieuse après vingt siècles, du peuple qui
a occupé ce coin de terre, — petit peuple qui fut si grand par la
pensée et par les œuvres ! On a démontré que, « un peuple recevant
toujours l’empreinte de la contrée qu’il habite » 1, l’Attique, consi-
dérée dans son sol et son climat, avait été le moule où se sont déter-
minés certains traits de l’esprit athénien ; c’est pour cette raison
justement que la vue du paysage attique doit éveiller les souvenirs du
passé d’Athènes. La contrée subit, en quelque sorte, une influence
en retour du génie qu’elle a contribué à former, et sa très réelle
beauté ne prend toute sa signification, que lorsqu’elle est illuminée
d’un reflet de ce génie.

Ainsi, rien qu’à laisser les yeux errer sur cette campagne et
cette mer, que domine le rocher de l’Acropole, la pensée est insensi-
blement ravie loin du présent et ramenée en arrière, aux temps de
la grande floraison intellectuelle de la Grèce. Or, ce sentiment qui
envahit l’esprit, même s’il reste un peu vague et irréfléchi, con-
stitue la meilleure des préparations à goûter fortement et finement
les chefs-d’œuvre de l’art, dont les ruines, — les adorables ruines,

— resplendissent sur le rocher nu.

Les monuments de l’Acropole appartiennent tous, en effet, à la
plus belle période de l’antiquité grecque. Le Parthénon, les Propylées,
leTemplede la Victoire sans ailes, l’Erechtheion sont tous du ve siècle,
comme aussi les murailles extérieures, auxquelles demeurent attachés

L Taine, Philosophie de l’art en Grèce, page 7.
 
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